Fiche 82 : Le Grèbe huppé

Auteur : Philippe Selke 
Photo d'entête : Grèbe huppé nuptial - Sacha d'Hoop

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Grèbe huppé – Podiceps cristatus

Taille : 61 cm
Envergure : 85 à 90 cm
Poids : 750 à 1200 g
Longévité : 10 ans
Statut liste rouge de Wallonie 2010 : non menacé
Statut en Wallonie : en progression

Description

Podiceps signifie « qui a les pieds à l’arrière » et cristatus veut dire « avec une crête ». Les pattes implantées à l’arrière du corps et dotées de doigts lobés en font un nageur émérite mais le rendent maladroit au sol. La double huppe noirâtre et la collerette de plumes rousses et noires ornant les côtés de la tête au printemps le rendent facile à reconnaître. Le cou est long et mince et le bec pointu et droit. Endormis, la tête dans les plumes, ils forment comme des coussins aplatis flottant sur l’eau, avec le dessous blanc et le dessus gris.

Grèbe huppé - Bernard Danhaive - Rixensart 628
Grèbe huppé en plumage internuptial – Bernard Danhaive – Rixensart

Habitat

L’espèce a besoin de grands plans d’eau, en général supérieurs à 1 ha, riches en poissons avec des possibilités d’amarrage pour le nid. Elle occupe pour moitié des sites d’origine artificielle régulièrement dévolus à la pisciculture extensive, la pêche ou à d’autres loisirs. Les bassins de décantation, peu profonds, temporaires et pauvres en poisson sont rarement utilisés.

Comportement

Le Grèbe huppé se nourrit essentiellement de poissons mais aussi d’insectes aquatiques et de leurs larves, de crustacés, de mollusques, têtards et jeunes grenouilles, … proies qu’il capture généralement en plongée d’une durée moyenne de 30 secondes.

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Adulte nourrissant un jeune. Le plumage zébré est typique des grèbes juvéniles. Photo : Philippe Selke

Le nid est formé d’un amas flottant de plantes aquatiques en décomposition et est construit le plus souvent le long de la ceinture de végétation. La ponte compte quatre oeufs en moyenne. Sa destruction est le plus souvent suivie d’une ponte de remplacement. La couvaison dure de 25 à 29 jours.

Les Grèbes huppés sont fort appréciés des observateurs et photographes pour leurs spectaculaires parades nuptiales et l’habitude qu’ils ont de transporter leurs petits sur le dos les premiers jours après l’éclosion.

Le Grèbe huppé peut être qualifié de sédentaire ou migrateur partiel suivant les aléas du climat. Lors de la migration, on le rencontre aussi le long du littoral.

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Cette photo d’un Grèbe huppé en vol permet de voir les doigts fortement lobés. Photo : Sacha d’Hoop – Etangs du Paradis (Braine l’Alleud)

En Belgique, en Wallonie et dans le Brabant wallon

Qualifié en 1975 de nicheur très rare en Brabant (première nidification en 1935), le Grèbe huppé est un nicheur d’acquisition assez récente en Wallonie (Harchies, 1940). Sa population a connu une croissance explosive à partir de la fin des années cinquante. Les recensements de 1980 et 1981 ont permis de dénombrer respectivement 419 et 426 adultes dont 62-66 % de nicheurs (130 couples en 1980 et 141 en 1981). Sur le territoire de la Belgique, la moitié des grèbes étaient alors concentrés en Brabant (alors encore unitaire). Le Grèbe huppé fut d’abord limité à d’assez vastes plans d’eau ceinturés de roseaux. Il s’est depuis adapté à des étangs de taille plus réduite (même inférieure à 1 ha), éventuellement dépourvus de végétation sur leurs rives.

En Brabant wallon, l’espèce nichait déjà lors de l’Atlas de 1973-1977 mais en petit effectif. Pendant la période Atlas 2001-2007, notre province hébergeait de l’ordre de 60 couples, ce qui représentait près de 13,3 % de l’effectif wallon. Aux décanteurs de Genappe, la première nidification réussie (2 jeunes) date de 2018.

Statut en Wallonie : nicheur assez rare, assez localisé, en progression. Les plus fortes concentrations se retrouvent dans la vallée de la Haine et le long de la Meuse, sur le pourtour des îles et dans les bras morts. L’augmentation rapide de la population est principalement due à la protection de l’espèce, le nombre croissant de pièces d’eau et l’abondance de poissons.

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