Auteur : Philippe Selke Photo d'entête : Canard colvert - Femelle avec poussins - Philippe Selke
Article publié en 4 épisodes en 2014 et 2015 dans les Bruants Wallons 24 à 28
Nous attirons votre attention sur le fait que les informations contenues dans cette série datent d’il y a 7 ans. La nature a bien sûr évolué durant cette période…
Cette série de fiches, publiée à l’origine en 4 épisodes, a été réunie en un tout pour cette republication.
Avec cet article, nous entamons une série consacrée aux canards de chez nous. Ce premier épisode est consacré aux canards de surface les plus communs, à l’exception des sarcelles. Celles-ci seront décrites ensuite, tout comme les Canards siffleur et pilet, la Nette rousse, les tadornes, pour terminer avec les canards « exotiques ». Les canards plongeurs que sont les fuligules ont déjà fait l’objet d’un article dans le numéro 11 du Bruant Wallon.
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Les canards font partie de la grande famille des Anatidés (Anas signifiant canard en latin), qui comprend également les oies, cygnes et tadornes, mais également les macreuses, harles, garrots et hareldes. Il s’agit de la plus importante famille de l’ordre des Ansériformes. La caractéristique commune à tous les membres de cet ordre est le bec généralement aplati dont l’intérieur est recouvert de lamelles filtrantes. Les grèbes, qui fréquentent souvent les mêmes milieux que les canards, font partie d’un ordre distinct, les Podicipédiformes, qui ne comprend qu’une seule famille, celle des Podicipédidés (qui signifie « pieds au derrière »).
Les Anatidés sont adaptés à la vie aquatique. Les pattes palmées et la structure particulière du plumage, imperméabilisé grâce aux sécrétions de la glande uropygienne, en témoignent.
Parmi les espèces que nous traiterons, la plupart présentent un dimorphisme sexuel très marqué, à l’exception notoire du Tadorne de Belon. Cela se justifie pleinement par la discrétion dont doit faire preuve la femelle lors de la couvaison. Chez le tadorne, la couvaison se fait au fond d’un terrier ; les couleurs vives de la femelle ne constituent donc pas un danger.

Tout qui observe les canards de chez nous pendant les vacances d’été a déjà constaté combien l’identification était rendue complexe par le plumage d’éclipse qu’arborent les mâles à cette époque. Canards colvert, chipeau, voire souchet se ressemblent tous plus ou moins. Très vulnérables à cette époque car incapables de voler, ils se tiennent à bonne distance.
L’intéressant article sur la mue des oiseaux vous en dira plus sur le comment et le pourquoi de cette stratégie.
Les Anatidés qui nous intéressent dans le cadre de ces articles s’observent en eau douce. Contrairement aux oies qui sont essentiellement végétariennes (elles broutent les zones herbeuses), nos canards ont une nourriture variée, composée de graines, petits crustacés, mollusques, insectes, larves, plancton… La conformation particulière du bec indique bien qu’ils ne sont pas piscivores. Les canards de surface recherchent d’ailleurs leur nourriture tant dans l’eau qu’au sol.
Canard de surface ou canard plongeur ?
Les canards de chez nous sont souvent regroupés en deux catégories, sur base de leur comportement alimentaire : canards de surface et canards plongeurs. Pour se nourrir alors qu’ils sont dans l’eau, les premiers (qui font l’objet du présent article, ainsi que les sarcelles) barbotent, se contentant de basculer le corps vers l’avant pour immerger la tête, tandis que les seconds (les fuligules, garrots, …) plongent réellement plus ou moins profond.
Examinons quelques différences morphologiques entre ces deux groupes, afin de pouvoir les distinguer sur le terrain.
Tout d’abord, leur allure générale sur l’eau : Comme le note Verheyen, « les canards de surface, cygnes et oies ont le tronc en forme de bateau à fond plat, ce qui leur confère une grande stabilité en surface ; les canards plongeurs et les harles, au contraire, ont un corps dont la forme rappelle plutôt celle d’un sous-marin, qui, enfoncé profondément dans l’eau, est toujours prêt à la plongée. »
L’implantation des pattes ensuite : le canard de surface a les pattes implantées plus ou moins au milieu du corps, peu écartées l’une de l’autre, ce qui lui permet de marcher facilement. Le canard plongeur a quant à lui les pattes implantées plus en arrière (moins cependant que chez les grèbes), et l’écart entre les pattes est plus important : maladroit sur la terre ferme où il doit alors se dandiner, il est par contre idéalement pourvu pour se propulser sous l’eau. A l’envol, le canard plongeur va, à la manière d’un cygne, longuement « pédaler sur l’eau » pour s’élever progressivement, tandis que le canard de surface pratique le décollage quasi vertical.Savez-vous d’où vient le mot « canard » ?
Il semblerait qu’il vienne de l’ancien français « caner », qui signifie caqueter. En français, mais aussi dans d’autres langues, le mot « canard » désigne également une fausse information, un canular. Mais aussi le morceau de sucre que l’on plonge dans son café, voire dans du rhum… pour le tremper comme un canard.
Nous consacrons le dernier volet de la série à la Nette rousse ainsi qu’à trois espèces que l’on peut qualifier d’exotiques car d’origine extra-européenne. Ce qui rapproche ces quatre espèces est le fait qu’elles sont fort appréciées des amateurs d’anatidés d’ornement et que, par conséquent, l’origine sauvage des individus observés chez nous pose toujours question.
Chaque dénombrement hivernal des oiseaux d’eau rapporte des mentions d’anatidés exotiques. Seules les espèces qui tendent à s’installer font toutefois l’objet d’attention. Parmi les trois espèces que nous allons présenter dans ce numéro, le Canard mandarin est la seule qui ait fait souche en Wallonie et à Bruxelles, imitant en cela l’Ouette d’Egypte et la Bernache du Canada. Ce n’est pas (encore) le cas du Canard carolin (encore que cette espèce pourrait avoir niché cette année au Rouge-Cloître) ni du Tadorne casarca malgré leur présence en très petits nombres lors de chaque comptage.
Sources
- VERHEYEN R., Les Anatidés de Belgique
- BEAMAN M. et MADGE S., Guide encyclopédique des oiseaux du Paléarctique occidental
- JACOB J.-P. et al., Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007
- VERMEERSCH G. & ANSELIN A., Broedvogels in Vlaanderen 2006-2007. Recente status en trends van Bijzondere Broedvogels en soorten van de Vlaamse Rode Lijst en/of Bijlage I van de Europese Vogelrichtlijn
- VLAAMSE AVIFAUNA COMMISSIE, Vogels in Vlaanderen. Voorkomen en verspreiding
- JACOB J.-P., PAQUET J.-Y., DEVOS K. & ONKELINX T., 50 ans de dénombrements hivernaux des oiseaux d’eau en Wallonie et à Bruxelles, Aves 50/4 2013
- KEAR J., Ducks, Geese and Swans: Species accounts (Cairina to Mergus)
- Site web oiseaux.net
- Site web observations.be
- Site web www.oiseaux-birds.com
- Site web http://biodiversite.wallonie.be