Auteur : Equipe chroniques Photo d'entête : Huppe fasciée - Nicolas Rasson
Que nous a réservé l’été dernier au niveau ornithologique en Brabant wallon ?
Quelques visiteurs rares chez nous comme un Râle des genêts, une Huppe fasciée, un Guêpier d’Europe, une Bergeronnette de Yarrell, une Locustelle luscinioïde, une Fauvette épervière, un Grand Corbeau et 2 Bruants ortolans.
Et quelques belles surprises au niveau des nidifications et du passage migratoire.
La météo
Après un printemps anormalement chaud, l’été 2018 a été exceptionnellement chaud et sec. Avec la température moyenne la plus élevée depuis 1833 et une des vagues de chaleur les plus fortes et les plus longues que notre pays ait jamais connues. Les températures et l’insolation furent supérieures aux normales saisonnières et les précipitations déficitaires.
Les visiteurs remarquables
Nous relevons ici un certain nombre de migrateurs dont le passage est rare bien qu’il puisse se présenter certaines années.
Notons donc un Râle des genêts (Crex crex) aperçu le 30/07 qui, dérangé par la moisson d’une parcelle, quittait le couvert des céréales pour y revenir très rapidement après (voir encadré ci-dessous). Une Huppe fasciée (Upupa epops) le 24/08 à Thorembais-les-Béguines, un Guêpier d’Europe (Merops apiaster) en vol le 15/06 à Beauvechain, une femelle de Bergeronnette de Yarrell (Motacilla alba yarrellii) à Louvain-la-Neuve le 09/08 (4e observation de l’année 2018) et 2 Bruants ortolans (Emberiza hortulana), 1 ex. le 22/08 à Ophain-Bois-Seigneur-Isaac et 1 ex. en vol SW, le 28/08 à Dongelberg.
Remarquons encore 2 captures remarquables faites à la station de baguage de Nodebais : 1 ex. de Locustelle luscinioïde (Locustella luscinioides) le 18/08 et 1 ex. juvénile de Fauvette épervière (Sylvia nisoria) le 23/08.
Quant au Grand Corbeau (Corvus corax), seulement 2 observations durant la période : 1 ex. chante à Gastuche le 08/06 et 1 ex. passe en vol NO à Beauvechain le 20/08. Ces observations ne nous permettent pas de conclure à une éventuelle installation de l’espèce en Brabant wallon (voir les articles précédents).
Le Râle des genêts (Crex crex)
L’observation d’un Râle des genêts, également appelé Roi des cailles, est très rare chez nous, même en passage. Mais en 2007, un chanteur a été noté du 28/05 au 12/06, et, en 2009, un autre est resté cantonné du 12/06 au 02/07, sans preuve de nidification cependant.
Ce râle niche annuellement en très faible effectif en Fagne-Famenne. Il est repris dans la catégorie « En Danger Critique » sur la liste rouge 2010 des oiseaux nicheurs de Wallonie.
Plus d’infos sur : Aves, 53/2 | 2016 | 83-97 Conservation du Râle des genêts Crex crex en Wallonie : situation 20 ans après un projet LIFE-Nature et propositions d’actions, par Jean-Yves Paquet & Antoine Derouaux
La nidification des sédentaires et des estivants
Du côté des oiseaux d’eau, notons 3 jeunes Bernaches nonnettes (Branta leucopsis) à Pécrot, des jeunes Canards chipeaux (Anas strepera) à l’étang de Gastuche (une nichée de 6 pulli) et aux décanteurs de Genappe (8 nichées), des Fuligules milouins (Aythya ferina) sur 4 sites dont 8 nichées à Genappe et des Fuligules morillons (Aythya fuligula) sur 6 sites. Par contre, seules 2 mentions de juvéniles de Grèbe à cou noir (Podiceps nigricolis) aux décanteurs de Genappe, 1 juv. le 29/07 et 3 juv. le 07/08. Conséquence de la sécheresse ? Le niveau d’eau était très bas sur le bassin B21, le plus prisé pour la nidification de cette espèce.
Aux décanteurs de Genappe toujours, la colonie de Mouettes rieuses (Chroicocephalus ridibundus), seule colonie de la province, comptera 76 nids et totalisera un maximum de 68 jeunes contre 93 en 2017, 27 en 2016 et 11 en 2015.
Quant aux rapaces, on retiendra la 5e nidification consécutive de la Bondrée apivore (Pernis apivorus) aux décanteurs de Genappe (dont 4 dans le même nid). Les deux jeunes resteront au nid tout au long de la période (départ du nid constaté le 16/09). Pour le Faucon hobereau (Falco subbuteo), le seul indice de nidification provient de Bossut-Gottechain où des adultes sont observés avec un juvénile et, quant au Faucon pèlerin (Falco peregrinus), les deux jeunes nés sur un silo des décanteurs de Genappe (voir chronique précédente) sont notés au nid jusque mi-juin ; le 17/06, ils sont observés volant autour du silo, accompagnés d’un autre oiseau juvénile qui n’est pas né sur place.
Du côté des limicoles, 3 espèces ont mené à bien des nidifications. Sur le site de Nivelles où un couple d’Huîtriers pies (Haematopus ostralegus) niche depuis plusieurs années, des adultes sont vus nourrissant 1 jeune début juin et 2 juvéniles sont observés le 18/06. Par contre, pas de nouvelle du couple signalé nicheur au printemps à Saintes. Trois nidifications de Petit Gravelot (Charadrius dubius) sont suivies, respectivement sur un parking à Limal (seul 1 pullus sur 3 survivra), à la sablière de Mont-Saint-Guibert (2 jeunes) et aux décanteurs de Genappe (3 adultes et 4 jeunes) ; il s’agit de la première nidification réussie du Petit Gravelot à Genappe depuis au moins 12 ans. Dernier limicole nicheur, le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) avec 1 seule mention d’un juvénile le 21/07 à Genappe ; la mauvaise santé de cette espèce semble se confirmer.
Quant aux hirondelles, il y a toujours les 3 mêmes colonies d’Hirondelles de rivage (Riparia riparia). On est dans la moyenne des dernières années avec un total de 147 nids. Déception à Mont-Saint-Guibert où les 2 sites n’ont rapporté que 84 terriers occupés (37 pour l’ancien site et 47 pour le nouveau front de taille). Bonne nouvelle à Chaumont-Gistoux (carrière Hoslet) : la colonie a déménagé sur le nouveau front de taille où les conditions sont plus favorables et c’est le meilleur score (61 terriers occupés). Et encore 2 nids à Gentissart/Mellery (Spaque) où le site est envahi par la végétation et où une intervention doit être envisagée si l’on veut que l’espèce s’y maintienne à l’avenir…
Des jeunes Hirondelles rustiques (Hirundo rustica) sont signalées sur 5 sites. Pour l’Hirondelle de fenêtre (Delichon urbicum) une dizaine de colonies sont signalées avec, pour les plus importantes, 89 nids occupés sur le château d’eau de Sart-Dames-Avelines, 39 à Dion-le-Mont, 20 à Ottignies et 13 à Tourinnes-la-Grosse.
Chez les sylviidés, notons la grande rareté de la Locustelle tachetée (Locustella naevia) avec seulement 3 observations d’1 ex. chantant à Pécrot et à Tourinnes-Saint-Lambert et d’1 ex. en migration capturé le 23/08 au centre de baguage de Nodebais. Malgré sa présence au printemps, remarquons l’absence pour le 2e été du Pouillot siffleur (Phylloscopus sibilatrix). Des prospections pour prouver des cantonnements sont à entreprendre en 2019 !
Bien sûr, un certain nombre d’autres passereaux sont des nicheurs certains, notamment la Bergeronnette printanière (Motacilla flava flava), le Rougequeue noir (Phoenicurus ochruros), le Moineau friquet (Passer montanus), le Bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula), l’Hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), le Grosbec casse-noyaux (Coccothraustes coccothraustes) ou le Bruant proyer (Emberiza calandra).
Remarquons plus particulièrement l’Hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), nicheur probable à la sablière de Mont-Saint-Guibert. Cette espèce est un nicheur rare et irrégulier dans la province. Site à suivre en 2019 !
Le passage migratoire
Comme il s’agit de la période allant de juin à août, le passage enregistré en juin constitue bien sûr la fin de la migration prénuptiale et celui du mois d’août à la migration postnuptiale.
Aucun passage important n’a été signalé pour les migrations cet été.
On voit néanmoins passer des Cigognes blanches (Ciconia ciconia), des Cigognes noires (Ciconia nigra) et des Spatules blanches (Platalea leucorodia).
Chez les rapaces, notons quelques Milans royaux (Milvus milvus) et un Milan noir (Milvus migrans), des Busards Saint-Martin (Circus cyaneus), 4 Busards cendrés (Circus pygargus) et 3 Balbuzards pêcheurs (Pandion haliaetus).
Une jeune Marouette ponctuée (Porzana porzana) et un Grand Gravelot (Charadrius hiaticula) sont observés aux décanteurs de Genappe, 3 Pluviers dorés (Pluvialis apricaria) à Neerheylissem et une dizaine de Pluviers guignards (Charadrius morinellus) en toute fin de période à Linsmeau et Neerheylissem.
Encore quelques limicoles, notamment des Courlis cendrés (Numenius arquata) dont 2 ex. séjournant à Folx-les-Caves pendant une semaine, 1 Chevalier gambette (Tringa totanus) à Genappe de début juin à fin juillet, des Chevaliers aboyeurs (Tringa nebularia) avec 2 ex. le 09/06 à Genappe et 1 ex. en vol le 14/08 à Saint-Jean-Geest, des Chevaliers sylvains (Tringa glareola) avec 3 ex. le 01/07 au Domaine Solvay puis signalés à Braine-le-Château et Gastuche fin août et des Chevaliers guignettes (Actitis hypoleucos) notés isolément ou en très petits groupes sur 9 sites entre début juillet et fin août.
Pour les passereaux, chez les motacillidés, remarquons le Pipit rousseline (Anthus campestris), migrateur rare chez nous mais néanmoins devenu annuel en passage postnuptial, avec cet été 11 observations de 1 à 3 ex. à partir du 19/08. Le passage du Pipit des arbres (Anthus trivialis) débute le 18/08 et se poursuit ensuite avec des observations de maximum 2 ex. Le 23/08, 3 juvéniles sont bagués à la station de baguage de Nodebais. Notons encore 1 Bergeronnette flavéole (Motacilla flava flavissima) mâle à Chastre le 17/06 et 2 Bergeronnettes nordiques (Motacilla flava thunbergi) adultes s’alimentant le 23/08 au Domaine Solvay à La Hulpe.
Epinglons encore la Pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) dont 1 ex. juvénile en migration postnuptiale est observé à Grand-Rosière-Hottomont le 28/08, à côté de l’endroit où un juvénile avait été observé le 24/08/2017.
Cette synthèse est basée sur les données encodées sur le site web observations.be.
En tout 160 espèces ont été contactées en Brabant wallon durant la période. Nous n’avons repris que celles pour lesquelles des données pertinentes existaient par rapport à la fin du passage prénuptial, à la nidification et au passage postnuptial.
Le Bruant Wallon 