Source : Vogelbescherming Nederland, février 2018 Traduction : Philippe Selke Photo d'entête : Coucou gris - Patricia Cornet-Poussart
Aux Pays-Bas, 2017 fut l’Année du Coucou. Dans tout le pays, des excursions à la recherche du coucou ont été organisées, des dizaines de milliers de personnes ont suivi un jeune Coucou gris via la webcam « Vivre le printemps », tandis que Sovon et Vogelbescherming investiguaient sur les causes du déclin du coucou. Sans trouver une explication unique, car il y en a plusieurs.
L’avenir du coucou est pour nous aussi source d’inquiétude. Au niveau de l’Europe occidentale, nous avons sans doute perdu la moitié de la population de Coucou gris en quelques décennies. La raison précise reste inconnue. Les variations dans la population d’une espèce ne sont presque jamais dues à un seul facteur. Changement climatique, intensification de l’agriculture et chasse peuvent jouer un rôle, de différentes manières.
L’une des causes présumées est la diminution des papillons de jour et de nuit. Les coucous se nourrissent en effet de leurs chenilles. Mais cela n’explique pas tout. Que se passe-t-il durant la migration et sur les zones d’hivernage ? Sovon a profité de l’Année du Coucou pour passer en revue les données disponibles dans différents pays. De cet examen de la littérature et des données brutes, il ressort qu’aucun facteur en particulier ne se démarque clairement pour expliquer le déclin du coucou. Voici un petit aperçu.
Disponibilité alimentaire
Au Royaume-Uni, une corrélation a été établie entre le déclin du coucou et une diminution sensible des chenilles sous l’effet du changement climatique et de l’intensification de l’agriculture. Il est très vraisemblable que les ressources alimentaires ont aussi diminué aux Pays-Bas. Cela aurait une influence principalement sur la période suivant immédiatement l’envol, quand le jeune coucou se met à rechercher sa nourriture lui-même et s’intéresse aux chenilles. Avant cela, les jeunes reçoivent généralement une autre alimentation, apportée par leurs parents adoptifs.

Diminution des espèces-hôtes
Le succès du coucou est étroitement lié à celui des passereaux chanteurs dans le nid desquels il dépose ses oeufs. Dans nos régions, les principales espèces parasitées sont la Rousserolle effarvatte et l’Accenteur mouchet, suivies du Pipit farlouse, de la Bergeronnette printanière, de la Bergeronnette grise, du Phragmite des joncs et de la Rousserolle verderolle. L’espèce la plus fréquemment parasitée varie évidemment selon la région et le biotope.
Aux Pays-Bas, l’évolution des populations de ces espèces-hôtes affiche depuis 1990 des tendances diverses. Les espèces paludicoles (Rousserolle effarvatte, Phragmite des joncs) se portent plutôt bien. Dans ces milieux, le coucou tire aussi son épingle du jeu. A l’opposé, les espèces-hôtes en milieu agricole (Pipit farlouse, Bergeronnettes printanière et grise) sont en diminution, tout comme le coucou dans ce même biotope.
Les calculs réalisés par le British Trust for Ornithology (BTO) montrent cependant que le déclin au Royaume-Uni ne peut pas être expliqué uniquement par la chute des populations des espèces-hôtes. Ainsi, deux des trois principales espèces-hôtes au Royaume-Uni (Rousserolle effarvatte et Accenteur mouchet) ont vu leurs nombres augmenter ces vingt dernières années. Pourtant, on a trouvé moins d’œufs de coucou.
Coups durs en zone agricole
La nourriture disponible diminue, les populations de certaines espèces-hôtes chutent, et, par ailleurs, la qualité des paysages cultivés servant pour la nidification s’effrite. Sous l’effet de l’agriculture intensive, ces paysages sont en maints endroits de plus en plus ouverts, alors que le coucou a besoin de haies et de buissons comme postes de guet. Une espèce comme le coucou est donc touchée proportionnellement plus fortement en zone agricole.
Ceci contraste avec les zones humides qui, aux Pays-Bas, montrent une évolution bien plus favorable ces dernières années. Les marais se voient colonisés à grande échelle par buissons et arbustes. Ce qui profite au coucou, car cela augmente les chances de déposer avec succès un œuf dans le nid d’une espèce-hôte.

Décalage dû au changement climatique ?
Les printemps chauds des dernières années ont poussé de nombreuses espèces à se reproduire plus tôt. Une analyse sur quarante ans de vingt sites sur le continent européen montre que la date d’arrivée des premiers coucous correspond à celle d’une série d’espèces-hôtes, comme la Rousserolle effarvatte, migratrices au long cours comme le coucou. Mais, selon cette même étude, les migrateurs moins lointains, comme le Pipit farlouse, arrivent sur leur territoire de nidification en moyenne 15 jours plus tôt qu’il y a quarante ans. Ce qui amène à penser qu’à présent, dans de nombreux endroits, le coucou arrive trop tard pour parasiter les premières nichées. Ce décalage pourrait contribuer au déclin des populations de coucous en Europe. D’autres sources indiquent cependant qu’il existe de grandes différences entre pays quant au retour précoce du coucou et de ses espèces-hôtes, si bien qu’il est prématuré de vouloir tirer des conclusions.
Problèmes durant les migrations ?
Le coucou hiverne au sud du Sahara. Durant les dernières décennies, les surfaces agricoles ont fortement augmenté au détriment de la végétation naturelle, surtout précisément en bordure sud du Sahara. Les implications pour le coucou ne sont pas connues, mais il s’agit bien des zones d’où le coucou s’élance pour franchir le désert.
Des études anglaises ont montré que le coucou utilisait deux voies migratoires différentes pour atteindre ses zones d’hivernage en Afrique centrale depuis le Royaume-Uni. Une voie orientale passant par l’Italie et les Balkans et une voie occidentale via la France et l’Espagne. Les oiseaux qui empruntaient la voie occidentale, le long du Sahara, semblaient afficher des chances de survie moins importantes que ceux qui migraient à l’est, bien que la voie occidentale soit plus courte d’environ douze pour cent.
La mortalité la plus forte était constatée avant que les oiseaux ne franchissent le Sahara. Ce qui semble indiquer la grande influence qu’ont les conditions rencontrées sur les sites de repos fréquentés lors de la migration en Europe.
Une équation compliquée
Les relations entre ces menaces durant la migration et sur les sites d’hivernage, et la situation sur les zones de nidification sont encore peu claires. Sans doute les coucous quittent-ils l’Afrique sans être dans une condition optimale et arrivent donc affaiblis aux Pays-Bas. Ce qui aurait un impact négatif sur leur taux de reproduction. Ainsi, les différents effets se renforceraient mutuellement, au détriment du coucou.
L’Année du Coucou a apporté beaucoup d’informations, mais malheureusement pas de solution toute faite pour enrayer le déclin de l’espèce. D’autres études sont nécessaires pour arriver à assurer la protection de cette espèce complexe. Etudes et mesures de protection demeurent nécessaires pour pouvoir continuer à accueillir le coucou à l’avenir.

Et en Brabant wallon, comment se porte le Coucou gris ?
Auteur : Thierry Maniquet
Si durant la période de l’Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie (2001-2007), la population brabançonne, estimée sur base des chanteurs, était d’environ 80 couples, cette espèce a fortement décliné par la suite et est malheureusement devenue assez rare.
Si lors de son retour de migration, il est possible de l’entendre dans divers milieux, force est de constater que globalement le coucou se concentre aujourd’hui essentiellement dans la vallée de la Dyle : en amont au niveau des décanteurs de Genappe, et plus en aval, dans la partie de la vallée qui court de Gastuche à Pécrot.
Les meilleurs endroits pour observer cette espèce dans cette partie de la vallée sont ainsi le site des Grands Prés à Gastuche, les alentours de l’étang de Pécrot et dans une moindre mesure le site du Bouly à Archennes et les alentours de l’étang Paradis à Gastuche.
Les grands massifs boisés (Bois de Lauzelle à Ottignies, Bois du Sartage à Sart-Messire-Guillaume, Bois Sainte Catherine à Tangissart) ont été désertés depuis pas mal d’années. La raison en est sans doute la diminution, voire la disparition dans notre région de certaines espèces-hôtes, comme par exemple, le Pipit des arbres.
Selon les années, l’un ou l’autre chanteur se fait encore entendre du côté de Villers-la-Ville (Bois d’Hez notamment).
Dans l’ouest de la province, il est devenu très rare, les données provenant essentiellement de Rebecq, Oisquecrq et Wauthier-Braine.
Dans l’est de la province, c’est du côté de Beauvechain (L’Ecluse), Mélin, Nodebais et Tourinnes-la-Grosse (Grand Brou) que l’on aura le plus de chances de contacter cette espèce.