Auteur : Philippe Jacobs Photo d'entête : Vincent Rasson
J’habite depuis 25 ans une petite maison plain-pied, entourée d’un jardin de 9 ares. Au cours du temps, j’ai aménagé ce jardin afin de le rendre attractif pour un maximum d’espèces.
On y trouve quelques grands arbres, des haies d’épineux et d’arbustes à baies sur le pourtour, du lierre à plusieurs endroits dont un qui monte à plus de 10 mètres, des parterres de fleurs mellifères que je laisse sur pied jusqu’à la fin de l’hiver voire durant une partie du printemps, des surfaces couvertes de trèfles, etc.

Il y a aussi deux petites mares avec des zones peu profondes permettant aux oiseaux de se baigner. Aux alentours de la maison, d’autres jardins, des prairies où pâturent des vaches et des zones laissées en friche sont également attractifs.
Dans le jardin, outre les oiseaux communs, j’ai pu observer quelques espèces remarquables comme le Jaseur boréal, le Merle à plastron, le Rougequeue à front blanc, la Rousserolle effarvatte, le Martin-pêcheur d’Europe et le Torcol fourmilier.
En hiver, je nourris les oiseaux avec des mélanges de graines, des graines de tournesol et des graines de niger que les Chardonnerets élégants, les Tarins des aulnes et les sizerins apprécient plus particulièrement.
Les premiers chardonnerets qui visitent le jardin croisent souvent les dernières hirondelles en partance pour l’Afrique. Au cours de l’hiver, leur nombre augmente pour atteindre 20 à 30 individus. Au printemps, ils disparaissent. Le phénomène s’est reproduit durant plusieurs années.
Cependant, voici deux ans, je me suis demandé si des chardonnerets n’avaient pas niché dans un jardin voisin. Depuis quelque temps, je remarque d’ailleurs une présence plus importante de l’espèce en Brabant wallon lors de la période de nidification.
A la fin de l’hiver dernier, au moins deux oiseaux semblent rester dans le jardin. Je décide alors de continuer le nourrissage. Ils viennent régulièrement à la mangeoire et vont également se nourrir sur les pissenlits en graines. Ils occupent souvent une vieille aubépine dans laquelle du lierre a poussé. En avril, ils y chantent régulièrement. En mai, je ne vois plus qu’un mâle. Ce n’est qu’une quinzaine de jours plus tard qu’une femelle réapparaît. Les deux oiseaux visitent la mangeoire puis partent en vol direct vers une zone particulière du jardin, sans que je ne puisse voir avec précision où ils vont, la végétation étant très dense.

En juin, j’entends des cris d’oiseaux que je ne connais pas.
En cherchant un peu sur internet, je découvre que ce sont des cris de jeunes chardonnerets.
A mon retour de vacances, le 20 juin, j’aperçois 5 ou 6 chardonnerets qui vont et viennent, se posent au sommet des arbres. Deux adultes se nourrissent à la mangeoire ou sur des centaurées à moitié séchées, puis rejoignent les autres oiseaux qui quémandent. A l’évidence il s’agit d’une famille.

La même situation se reproduit en juillet : disparition de la femelle adulte pendant deux à trois semaines allers-retours du mâle, seul d’abord, avec la femelle ensuite, entre la mangeoire ou des fleurs en graines et la zone du nid. Au mois d’août, j’observe les deux adultes accompagnés de deux jeunes, déambulant et se nourrissant dans le jardin.
Magnifique première pour le jardin : deux reproductions successives réussies du Chardonneret élégant !