Auteur : Thierry Maniquet Photo d'entête : Pouillot de Hume - François Richir - Louvain-la-Neuve
Vous l’aurez constaté : ces dernières semaines ont été caractérisées par des conditions météorologiques douces, pluvieuses et venteuses. Pas de quoi exciter a priori les ornithologues.
Et pourtant, l’émotion est montée d’un cran ces derniers jours avec la première observation en Brabant wallon d’un Pouillot de Hume, une espèce asiatique, dont les observations automnales et hivernales augmentent ces dernières années.
L’oiseau a été découvert le 09/01, au cri, par un ornithologue particulièrement attentif, dans un petit bois de Louvain-la-Neuve. L’oiseau était toujours présent le 11/01. Il s’agit par ailleurs de la première observation de terrain en Wallonie.
Un article spécifique à cette observation sera rédigé prochainement.
Une autre observation assez particulière a été réalisée dernièrement, avec une fin moins heureuse cependant.
Le 24/12, un Butor étoilé a été observé, s’envolant près de l’étang de Pécrot. Moins de deux heures plus tard, l’oiseau était retrouvé mort à quelques centaines de mètres, décapité. A ce stade, on ignore ce qui s’est passé : attaque par une fouine, un renard, un autour ou une autre cause ? L’oiseau a été récupéré par un agent du DNF, en vue d’une éventuelle expertise.
A cette période de l’année, les alentours de l’étang de Pécrot (le Grand-Pré) constituent le lieu de rendez-vous de différentes espèces d’oies. Les exotiques tout d’abord : les inévitables Bernaches du Canada évidemment jusqu’à 510 exemplaires le 31/12 (le record actuel du site est de 712 ex. le 22/01/2022), les Bernaches nonnettes (7 ex. le 31/12) et les Ouettes d’Egypte. Les Oies cendrées sont également bien représentées (70 ex. le 01/01).
Heureusement, le site attire également une petite population d’Oies rieuses (jusqu’à 50 ex. le 08/01). Le record pour le site est actuellement de 104 oiseaux le 29/01/2022.
Le même site héberge aussi 2 Aigrettes garzettes qui sont présentes depuis le 26/12. Il s’agit du troisième séjour hivernal sur ce site après ceux de décembre 2015 et décembre 2017.
Plus anecdotique, on signalera l’observation, peu commune à cette époque de l’année, d’une Cigogne blanche vue à Braine-l’Alleud le 09/01.
Pour ce qui est des anatidés, la douceur du climat est peu propice aux grands rassemblements. Pourtant, on retiendra notamment l’étonnante observation de 17 Canards siffleurs sur l’étang de Pécrot le 01/01 (record du site pulvérisé puisque le maximum d’oiseaux vus ensemble s’élevait à 3 jusqu’à présent). Il faut remonter au 19/03/2020 pour avoir un rassemblement aussi important dans notre province (22 oiseaux sur l’étang du Gris Moulin à La Hulpe).
Parmi les raretés, on notera la présence d’un Fuligule nyroca dans le bassin d’orage de Petit Baulers à Nivelles le 13/01.
Pour les autres espèces, les maxima de la période se déclinent comme suit :
- la Sarcelle d’hiver : 130 ex. aux décanteurs de Genappe le 28/12 ;
- le Canard souchet : 20 ex. sur l’étang de Pécrot le 24/12 et le 13/01;
- le Canard chipeau : 152 ex. sur l’étang de Bierges le 01/01 ;
- le Fuligule milouin : 40 ex. aux décanteurs de Genappe le 31/12 ;
- le Fuligule morillon : 36 ex. sur l’étang du Gris Moulin le 01/01 ;
- le Tadorne de Belon : max. 10 ex. sur l’étang de Gastuche le 08/01.
Même si cette période n’est guère favorable à l’observation des limicoles, on ne peut que s’inquiéter de l’absence persistante du Vanneau huppé (une seule donnée le 24/12 aux décanteurs de Genappe).
Pour le surplus, on retiendra le petit hivernage de la Bécassine des marais dans la réserve de Marais Chapelle (max. 8 oiseaux le 03/01). Cette espèce a été vue également dans la vallée du Ri Ternel à Ittre le 11/01 et à l’envol à Ramillies-Offus le 13/01. La discrète Bécassine sourde a par ailleurs été surprise à Nodebais le 03/01, tandis qu’un Chevalier cul-blanc a été noté le 29/12 aux décanteurs de Genappe.
Du côté des laridés, on notera la présence d’un Goéland pontique sur l’étang de Pécrot le 30/12 (site classique pour l’espèce).
En ce qui concerne les rapaces, peu de données sortant de l’ordinaire. Tout au plus mentionnera-t-on l’observation d’un Faucon émerillon à Baisy-Thy le 06/01.
Revenons-en à présent aux passereaux pour lesquels ce n’est pas l’abondance non plus.
Certes, il y a les Pinsons du Nord qui, eux, sont présents un peu partout. Le dortoir à La Hulpe, mentionné dans la dernière chronique, a encore fait l’objet d’une estimation de 5 000 oiseaux le 23/12. Dans les jardins, cette espèce est parfois bien présente au nourrissage (max. 34 ex. le 28/12 à Mont-Saint-Guibert). Son cousin, le Pinson des arbres se rassemble parfois en grands groupes également (120 ex. à Jandrain-Jandrenouille le 11/01).
Sur ce même site, on retrouve, comme l’hiver dernier, une belle population de Linottes mélodieuses (150 ex. le 24/12). Le Tarin des aulnes, quant à lui, n’est pas présent en grand nombre (max 40 ex. le 24/12 à Nodebais et le 13/01 à Pécrot-Chaussée).
Le Bruant jaune est à rechercher dans les bandes aménagées dans le cadre des MAE (par ex. 50 ex. le 21/12 à Loupoigne). Un jardin de cette même localité accueille par ailleurs un beau petit groupe de Chardonnerets élégants (max 40 ex. le 10/01).
Quelques rassemblements d’Alouettes des champs (30 à 40 ex. ) sont signalés à Nethen et Beauvechain. La présence du Pipit farlouse s’est raréfiée depuis la dernière chronique (on ne note plus de groupes de plus de 7 ex.), tandis qu’un beau groupe de 15 Pipits spioncelles occupe les prairies humides du Bêloi à Bourgeois (donnée du 27/12). Ailleurs, il reste noté dans le bassin d’orage de Nodebais et au Grand-Pré à Pécrot, sites traditionnels d’hivernage.
Les grives sont relativement discrètes cet hiver, même si les observations sont un peu plus nombreuses ces derniers jours. Mais à nouveau, peu de groupes importants sont signalés : max. 100 Grives litornes à Gentinnes le 27/12 et max. 70 Grives mauvis à Pécrot le 29/12.
Parmi les passereaux migrateurs qui font de la résistance, on retiendra la présence d’une Fauvette à tête noire aux mangeoires à Dion-le-Mont (un mâle) et à Glimes (une femelle).
Une fois n’est pas coutume, on terminera cette chronique en évoquant une espèce exotique, la Perruche à collier, de plus en plus présente dans notre province, pour signaler la présence d’un important dortoir de 150 oiseaux à Wavre.
Pour les prochains jours, on nous annonce un refroidissement. Il sera intéressant de voir quel en sera l’impact sur les espèces observées. N’hésitez donc pas à encoder vos données et rendez-vous dans notre prochaine chronique pour en lire le résultat.
Le Bruant Wallon 