Auteur : Jérémie Van Brussel Photo d'entête : Frelon asiatique (Vespa velutina) - Limal - Bernard Danhaive
L’api(culteur) fait de la résistance
C’est dans les ruches d’abeilles domestiques que l’impact du Frelon asiatique est le plus visible. Piètre chasseur, il apprécie beaucoup ces garde-mangers faciles d’accès et qui n’opposent aucune résistance et lui permettent d’accéder aux protéines dont il a besoin pour nourrir le couvain de sa colonie. Or l’on sait que le secteur est déjà sous tension. L’abeille souffre de nombreux maux et lorsqu’une ruche lutte pour sa survie durant l’été, le Frelon asiatique peut être décisif dans la perte d’un essaim. Lorsqu’il constate des attaques, l’apiculteur n’a d’autre choix que de tenter de localiser le nid afin de solliciter une intervention pour sa destruction. À cette fin, une impressionnante méthode de triangulation a été conçue. Les associations d’apiculteurs préconisent de faire appel à l’indispensable solidarité durant l’été : en constituant des équipes de trois, il est possible de localiser rapidement un nid de frelons, en menant un jeu de piste à l’aide d’appâts et de jumelles. Cette méthode a fait ses preuves, permettant à un apiculteur brabançon particulièrement actif et travaillant seul, de réaliser 60 signalements de nids avant le mois d’octobre pour la seule saison 2022 !
L’autre arme apicole, c’est le piégeage. Bien que très controversé parce que jugé « non-sélectif » et donc contre-productif, l’arrivée du Frelon asiatique a poussé les amoureux des abeilles français à créer un arsenal adapté à cette nouvelle nécessité, au point de remporter un prix au célèbre concours Lépine en 2018. Il est pourtant vrai que de nombreux systèmes de piégeages ne sont pas adaptés comme le rappelle François Colard de la CiEi : « Les apiculteurs savent que les pièges à noyade sont à proscrire car les abeilles sont plus souvent piégées que les frelons, au même titre que les papillons et tous les insectes de passage. Mais les pièges véritablement sélectifs existent, même s’ils sont onéreux. Il est inutile de réaliser du piégeage préventif et la pratique n’est certainement pas à encourager auprès des particuliers, mais ces équipements devront vraisemblablement faire partie de l’apiculture moderne en réalisant des périodes de piégeage sur les ruchers concernés par les attaques ».
Qui n’a pas déjà découpé une bouteille de plastique en été pour en confectionner un piège destiné à se débarrasser des guêpes envahissantes ? De nombreuses terrasses de restaurants sont équipées de ces mini-catastrophes. Car à y regarder de plus près, nombreuses sont les espèces d’insectes de tous ordres, y compris celles qui sont menacées, à s’engluer dans le fond visqueux de ces pièges. Il y a donc « pièges et pièges » mais les apiculteurs ne peuvent désormais plus se passer d’un outil adapté au nouveau contexte dans lequel, passionnés, ils essayent tant bien que mal de préserver la production de nos miels locaux.