Fiche 19 : L’Effraie des clochers

Auteurs : Philippe Hermand et Vincent Rasson
Photo d'entête : Fanny Ellis
Article publié en 2010 dans le Bruant Wallon n°6

Nous attirons votre attention sur le fait que les informations contenues dans cet article datent d’il y a 11 ans. La nature a bien sûr évolué durant cette période…

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Effraie des clochers – Tyto alba

Taille : 33 – 39 cm
Envergure : 80 – 95 cm
Poids : 330 gr
Longévité : jusqu’à 13 ans

Description

Autrefois appelée orfraie, terme dérivé du vieux français osfraie (du latin ossifragus, « qui brise les os ») initialement employé pour désigner de grands rapaces diurnes briseurs d’os, l’effroi qu’elle engendrait chez les gens transforma son nom.

Un peu plus petite que la hulotte, l’Effraie des clochers, qu’on appelle également la « dame blanche », se caractérise par un disque facial blanc en forme de cœur et des yeux sombres. Le corps est élancé et les pattes sont longues. En vol, l’oiseau paraît plus pâle que les autres rapaces nocturnes (sauf le Harfang des neiges). Les pattes sont souvent pendantes. Le plumage présente des variations géographiques. Dans nos régions, le dessous est blanc, le dessus est gris et ocre. Les individus du centre, de l’est et du nord de l’Europe sont gris plus foncé dessus et jaune orangé dessous.

Habitat

L’effraie est un oiseau des plaines. Elle apprécie les milieux ouverts : bocages, cultures avec bosquets, et bien sûr la présence d’habitations.

Comportement

L’effraie chasse surtout la nuit, mais aussi parfois tôt le matin. Son régime alimentaire est essentiellement constitué de rongeurs, en particulier des campagnols, mais comporte aussi une part non négligeable de musaraignes.

La voix de l’effraie n’a rien de commun avec les manifestations sonores des autres nocturnes. Des grincements stridents et rauques sont souvent produits en vol. La femelle, plus rarement le mâle, émet des chuintements répétés. Les jeunes qui quémandent font entendre des ronflements sifflants et traînants.

Oiseau des rochers à l’origine, l’effraie est devenue une espèce anthropophile qui habite surtout les combles, les clochers, les ruines, les granges… ; certains individus pouvant encore s’installer dans un trou d’arbre ou sur une falaise. La vie à proximité de l’homme n’a pas toujours été bénéfique pour l’effraie. Elle fut longtemps persécutée par des superstitieux qui voyaient en elle une incarnation du mal. Il était alors commun de la clouer sur les portes des granges pour chasser les mauvais esprits.

Les couples sont unis et fidèles à leur site de nidification. Le nid est une simple plateforme, non aménagée, plus ou moins fermée, communiquant avec l’extérieur. Les œufs (4 à 7 en général) y sont pondus le plus souvent entre avril et juin, plus rarement en février-mars. Une seconde ponte, si la nourriture abonde, est possible à l’automne. L’incubation dure un peu plus de 30 jours. Les jeunes quittent le nid 3 mois après la naissance et restent dans un rayon de 50 km. Cependant, en cas de pénurie alimentaire, des jeunes effraies, et même des adultes, peuvent effectuer des migrations de plus 1.000 km.

D’une manière générale, l’espèce est très sensible à la fluctuation des populations de rongeurs. Si au manque de nourriture s’ajoutent des conditions climatiques hivernales rudes, les populations peuvent être littéralement décimées, comme ce fut le cas lors de l’hiver 1962-63.

En Brabant wallon

D’après la carte de l’Atlas des Oiseaux Nicheurs de Wallonie, l’effraie est la plus « rare » des 4 espèces de rapaces nocturnes communs. Sa distribution en Brabant wallon est relativement dispersée.

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Carte de répartition des nicheurs en Wallonie – Source : Atlas des oiseaux nicheurs de Wallonie 2001-2007