Auteur : Hervé Paques Photo d'entête : Busard pâle juvénile - Hervé Paques - Piétrain Article publié en septembre 2012 dans le Bruant Wallon n°16
Nous attirons votre attention sur le fait que les informations contenues dans cet article ont plus de 8 ans. La nature et nos connaissances ont bien sûr évolué durant cette période…
Connaissez-vous le Busard pâle ? A côté de nos trois busards habituels, c’est la rareté de la famille. Sous statut ‘quasi-menacé’ de la liste rouge UICN, il compte moins de 30.000 couples dans le monde (Birdlife – 2010). Un beau busard, fin, léger et élégant qui se porte de mieux en mieux, pour notre plus grand plaisir.
Saviez-vous que la première donnée en Belgique est justement brabançonne ? Une mention d’un mâle à Bousval, le 13 avril 1921 ! Ensuite, il faut attendre 2009 pour retrouver une observation homologuée dans notre province. Cette-fois à Walhain-Saint-Paul, encore un mâle.
Ce superbe rapace semble être devenu visiteur annuel à partir de 2003 en Belgique. La Hesbaye est tout particulièrement prisée. Les vastes étendues de plaines agricoles, regorgeant de rongeurs et de passereaux, sont idéales pour une halte migratoire.

Car c’est aux passages printanier et automnal que nous recevons la visite de ce busard venu de l’Est. Il hiverne en Afrique sub-saharienne et en Inde et niche en Ukraine, au Kazakhstan et en Russie principalement.
Quand il ne passe pas par le Moyen-Orient pour rejoindre l’Afrique, il traverse l’Europe du Sud. On peut alors voir des individus qui remontent via l’Espagne, traversent la France et ainsi se retrouvent chez nous. On peut imaginer qu’il s’agit des populations nichant et hivernant le plus à l’Ouest.

Ce qui est étrange, c’est que le Busard pâle choisit en général la route occidentale au printemps. Ce que les données de la LPO française confirment également.
Or, en Belgique, il s’agit en grande majorité d’une présence automnale… Autre différence avec les chiffres de France, l’âge des oiseaux. Chez nous +/-50 % de juvéniles, en France 22 % ! Compte-tenu de l’erratisme important de cette espèce, on pourrait formuler l’hypothèse qu’il s’agit d’individus issus de couples nicheurs de l’Europe de l’Est. Des couples se sont même déjà installés en Allemagne. Et cette année, dans la Marne, un mâle de 2ème année s’est incrusté avec un couple de Busard cendré ! Une espèce à suivre donc…

Lors de cet automne 2011, un juvénile aux chaudes C’est ensuite la plaine qui se situe entre Jodoigne et Outgaarden qui accueillera un juvénile à partir du 18 septembre. Celui qui était de passage quelques jours avant à Folx-les-Caves ? Possible…
Le plus incroyable, c’est que le matin du 21 septembre, une femelle de 2e année rejoint le juvénile de Jodoigne ! Ils restent ensemble jusqu’au 23 septembre. Soit un total d’au moins 3 individus en même temps dans notre Hesbaye brabançonne !
Habitant Jodoigne, je pars bien entendu à la recherche de ces 2 oiseaux. L’itinéraire le plus court me fait passer par Piétrain. J’emprunte une petite route de campagne vers les champs et après 100m, boum, le choc ! Le Busard pâle juvénile se tient là, devant moi, sur une clôture. Nous ne sommes pas encore loin dans la plaine et je suis vraiment surpris de le voir là, si proche des habitations. Il est immédiatement reconnaissable à sa belle couleur orange et à son net collier clair.
Je décide de rester dans la voiture pour ne pas l’effrayer et je prends quelques premières images à 50m de distance. Déjà incroyables de proximité ! Je me rapproche tout doucement en zigzaguant, l’oiseau reste confiant. A chaque étape, je m’arrête, et tout doucement je profite de cette observation dans le viseur de l’appareil photo. A 15m, je me dis qu’avancer d’avantage serait vraiment de la gourmandise. Je remercie ce jeune Busard pâle et je fais marche arrière, lui toujours posé sur son piquet. Merci encore et bonne route.
Sources :
- www.observations.be
- Le Busard pâle Circus macrourus en France – Nidal-Frédéric ISSA – 31e Colloque Francophone d’Ornithologie