Auteur : Hervé Paques Photo d'entête : Fred Vanwezer (Opprebais) Article publié en 2014 dans le Bruant Wallon n°25
Nous attirons votre attention sur le fait que les informations contenues dans cet article datent d’il y a 6 ans. La nature a bien sûr évolué durant cette période…
Pratiquement tous les ornithos pensent à elle, chaque hiver, en parcourant les cultures de notre province. Un vol de Saint-Esprit, du blanc sur la queue ? Notre cœur s’emballe et nous cherchons à percevoir les autres critères qui permettraient de l’identifier avec certitude.
Elle, c’est la Buse pattue, une grande buse élégante venue du Nord de la Russie et de la Scandinavie pour hiverner dans les zones les plus accueillantes d’Europe de l’Est et d’Europe centrale. Notre pays se situe à la limite occidentale de son aire d’hivernage. Cela nous donne la chance, chaque année, d’en observer quelques individus chez nous, chassant les campagnols pour notre plus grand bonheur.
L’hiver 2013-2014 fut loin d’avoir connu l’afflux de 2011- 2012. Ce fut plutôt une année calme pour l’espèce. Mais il nous apporta une situation rare dans notre province.
Sur le plateau d’Opprebais, entre Chaumont-Gistoux, Thorembais-Saint-Trond et Opprebais, il y eut non pas une, ni deux mais trois Buses pattues différentes photographiées entre le 23 novembre et le 9 mars ! Elles ne furent jamais observées ensemble. Ce n’est qu’après un examen approfondi des photos prises par les utilisateurs d’observations.be que la distinction fut possible entre ce qui semble être, dans l’ordre de la photo, un mâle adulte sombre, un autre mâle adulte plus clair et une femelle adulte.

Il est assez remarquable qu’il s’agisse d’adultes alors que les juvéniles sont traditionnellement majoritaires. Cela s’explique par des adultes qui partent plus tôt que les jeunes en migration et qui occupent dès lors les meilleurs sites d’hivernage avant eux.


A l’heure d’écrire ces lignes, il semble que l’hivernage 2014-2015 commence plutôt bien. Mieux en tout cas que l’hiver dernier. Nous vous invitons évidemment à ouvrir l’oeil pour détecter ces magnifiques rapaces près de chez vous. Toujours dans les milieux ouverts, à proximité de friches, de bandes enherbées ou de champs de ray-grass.
Pour distinguer la Buse pattue de la Buse variable, voici quelques critères qui devraient vous aider sur le terrain. Il est essentiel de combiner un maximum de critères pour valider une identification car sa cousine, la Buse variable, prête souvent à confusion par l’une ou l’autre marque ‘pro-pattue’.
- Les rectrices sont nettement blanches avec juste le bout de la queue noir, qui tranche avec le blanc. Les juvéniles présentent une transition plus douce entre cette bande sub-terminale et le blanc mais cela reste fort visible. Les femelles possèdent une, voire deux lignes noires nettes. Les mâles en ont en général trois : une large et deux étroites. Attention : certaines Buses variables claires ont également un peu de blanc sur la queue mais jamais autant qu’une Buse pattue. Ces Buses variables claires ont en général le reste du corps clair et des petites ‘virgules’ en lieu et place des taches carpales des Buses pattues.

- Les taches carpales justement, sont assez typiques de l’espèce : les femelles et les juvéniles les ont bien pleines et sombres en dessous de l’aile, tandis que les mâles adultes peuvent avoir cette tache moins pleine, sans jamais se réduire à une virgule toutefois.
- Le ventre sombre est particulièrement remarquable chez les femelles et les juvéniles : toute la partie entre la poitrine et les pattes est brune pour les jeunes et noire pour les femelles adultes. Ici aussi, les mâles peuvent avoir un pattern moins marqué. Le meilleur critère pour les mâles adultes reste les rectrices blanches et les bandes terminales noires.

- Son aptitude à voler avec aisance en Saint-Esprit, comme un Faucon crécerelle, est connue. Mais elle peut porter à confusion car la Buse variable le pratique également. Notamment une Buse variable claire qui fréquente le plateau d’Opprebais… juste pour vous faire des frayeurs.
- L’allure générale de l’oiseau, quand on connaît bien les silhouettes des buses et busards de chez nous, est particulière. La Buse pattue est plus grande que la Buse variable, avec des ailes et une queue plus longues. Son battement d’ailes est plus souple également. Par sa forme, elle peut faire penser par moment à un Busard des roseaux. Bien que ce dernier vole en général en patrouillant à basse altitude et avec les ailes bien relevées comme tous les busards.
- Les tarses emplumés, qui lui confèrent son nom, ne sont pas un critère utilisable sur le terrain, sauf lorsque l’oiseau est posé à une distance raisonnable ou photographié correctement.
Voilà quelques indications qui vous aideront, je l’espère, à repérer une belle Buse pattue près de chez vous.
A vos jumelles et appareils photos !