Fiche 53 : Le Tadorne de Belon

Auteur : Philippe Selke 
Photo d'entête : Tadorne de Belon - Mont-Saint-Guibert - Bruno Marchal

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Tadorne de Belon – Tadorna tadorna

Longueur : 67 cm
Envergure : 110 à 133 cm
Poids : 562 à 1400 g
Longévité : 16 ans
Statut liste rouge de Wallonie 2010 : à la limite d’être menacé

Description

Après les petites et discrètes sarcelles, voici un canard de grande taille qui ne passe pas inaperçu en raison de son plumage très contrasté, tant chez le mâle que chez la femelle. Cette dernière, en effet, n’a pas besoin de tenue de camouflage puisqu’elle a l’habitude de nicher dans des terriers. Elle se distingue donc seulement du mâle par une taille un peu plus faible et quelques détails comme des tâches claires sur les joues et à la base du bec. Elle n’arbore pas non plus le tubercule rouge qui surmonte le bec du mâle de la fin de l’hiver au début de l’été. Pour le reste, on peut décrire le plumage des deux sexes comme suit : tête noire et bec rouge. Le reste du plumage est dominé par le blanc, avec des bandes noires sur le dos et du brun-roux au niveau de la poitrine. Les pattes sont roses à rougeâtres.

Habitat

Historiquement cantonné aux zones littorales, le Tadorne de Belon recherche pour nidifier des milieux dans lesquels il pourra trouver une cavité pour y installer son nid à l’abri des prédateurs terrestres : dunes ou sol meuble (terriers de lapin) mais parfois aussi fourré dense ou arbre creux. Ses zones d’alimentation peuvent se situer à des kilomètres de là.

Comportement

Le tadorne se nourrit de divers invertébrés qu’il trouve en barbotant dans les plans d’eau et les vasières, en filtrant la couche superficielle.

Espèce monogame, avec une fidélité élevée au partenaire, le Tadorne de Belon est territorial en période de reproduction. La ponte se déroule principalement entre mi-avril et mi-mai. La femelle pond généralement 8 à 12 œufs. L’incubation qui débute à la ponte du dernier œuf dure 29 à 31 jours et est assurée par la femelle seule. Les poussins sont nidifuges. Les deux adultes participent à leur élevage, apportant une défense contre les prédateurs et les intempéries et surtout en défendant un territoire alimentaire contre les congénères. Les poussins prennent leur envol vers 45 à 50 jours.

En Europe, le tadorne est un migrateur partiel. Il effectue une mue complète après la reproduction, qui marque profondément le cycle annuel de l’espèce. La plupart des tadornes du nord-ouest de l’Europe se regroupent à ce moment dans la mer des Wadden (Allemagne et Pays-Bas), où ils se concentrent en très grand nombre.

En Belgique et en Brabant wallon

Statut en Wallonie : nicheur rare, localisé, en progression.

Cette espèce, côtière à l’origine, en forte progression en Flandre depuis les années 70, a colonisé la Wallonie (région limoneuse uniquement) à partir de 1974. Le nombre de sites occupés augmente lentement. On remarquera qu’il s’agit exclusivement de sites artificiels, soit d’anciens terrains industriels (carrières, bassins de décantation, …), soit des parcs et domaines privés (comme à l’étang du Gris moulin à La Hulpe). En Brabant wallon, la première nidification est notée aux décanteurs de Genappe en 1999. L’Atlas 2001-2007 nous montre que l’espèce a niché sur 3 carrés de la province. Depuis lors, nous avons relaté (BW 19) la nidification prouvée du Tadorne de Belon en 2012 dans le domaine d’Argenteuil à Waterloo, matérialisée par l’observation de 3 pulli. En 2013, 7 à 8 cantons ont été trouvés dans la province dont cinq dans la vallée de l’Argentine (2 couples accompagnés de 12 pulli au total ont été observés), les deux ou trois autres cantons étant situés dans la Vallée de la Dyle.

Des jeunes en dispersion sont notés en juillet-août sur différents sites : Genappe, Chaumont-Gistoux, La Hulpe, Gastuche, Rixensart et Tourinnes-Saint-Lambert.