Auteur : Philippe Selke Photo d'entête : Sarcelle d'hiver - Louvain-la-Neuve - Vincent Rasson
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Sarcelle d’hiver – Anas crecca
Longueur : 43 cm
Envergure : 54 à 59 cm
Poids : 250 à 400 g
Longévité : 16 ans
Statut liste rouge de Wallonie 2010 : En danger critique
Description
L’étymologie du mot crecca nous rappelle le cri de l’espèce, à ne pas confondre avec le sifflement flûté du mâle. Environ deux fois plus petite que le Canard colvert, la Sarcelle d’hiver est le plus petit canard d’Europe. Elle se distingue également des autres espèces de canards par sa silhouette svelte et légère et son vol rapide. La tête brun noisette du mâle est traversée par un large bandeau vert qui descend jusqu’à la nuque. Le corps et le dos paraissent gris clair de loin, tandis que la poitrine claire est ponctuée de petits points noirs. Un triangle jaune vif bordé de noir est visible sous la queue. Pattes et bec sont gris clair à gris foncé. Le mâle mais aussi la femelle ont un petit carré aux reflets verts sur le flanc, visible en vol et, le plus souvent, posé. Ce petit miroir est caractéristique de l’espèce. La livrée de la femelle adulte ressemble à celle de la femelle du Canard colvert. Les mâles en éclipse et les juvéniles ressemblent aux femelles adultes.
Habitat
L’habitat fréquenté par l’espèce pour la nidification est constitué de petits sites humides, souvent en périphérie de plus grands marais, en eaux généralement eutrophes. La nourriture doit être disponible dans la vase ou les dix premiers centimètres d’eau. Le nid est situé dans la végétation herbacée dense (roselière, cariçaie, jonchaie…), souvent à proximité d’un petit plan d’eau ou d’une zone très marécageuse. L’habitat hivernal est double car les exigences diffèrent selon le jour et la nuit. Le jour, les sarcelles se concentrent pour se reposer sur des plans d’eau dépourvus de végétation émergente (contact visuel entre tous les individus). Le soir, elles se dispersent sur des marais peu profonds pour s’y alimenter toute la nuit. Les deux types d’habitats doivent être suffisamment proches pour permettre aux oiseaux de passer de l’un à l’autre sans dépenser trop d’énergie.
Comportement
En hiver, la Sarcelle d’hiver se nourrit principalement de végétaux (graines de plantes aquatiques et d’autres plantes). En période de reproduction, ce sont plutôt les petits invertébrés aquatiques qui sont au menu (petits mollusques et crustacés, larves et imagos d’insectes aquatiques). L’espèce recherche sa nourriture à pied ou à la nage dans des eaux peu profondes. Les aliments sont avalés après avoir filtré l’eau et la vase ou en allant les chercher au fond de l’eau en basculant le corps vers l’avant comme le Canard colvert.
La reproduction commence dès le mois d’avril avec l’installation sur les sites de nidification, et se termine fin août. Le nid est construit au sol, caché sous des touffes d’herbe ou un buisson. Il est garni de feuilles, tiges et duvet par la femelle. La reproduction se fait généralement en couples isolés. La ponte unique a lieu en moyenne de la mi-avril à début juin et contient de huit à onze œufs. La femelle seule assure la couvaison (21-23 jours), l’envol des poussins nidifuges a lieu 25-30 jours plus tard. Une ponte de remplacement est possible s’il y a perte des œufs.
La migration postnuptiale débute dès la fin juillet et se poursuit jusqu’en novembre-décembre.
En Belgique et en Brabant wallon
En Flandre, la population nicheuse varie d’assez rare à assez nombreuse suivant les années. Elle est principalement concentrée en Campine. Une comparaison entre la période atlas (500 à 600 couples en 2000-2002) et la période du projet ABV (2007-2008) montre cependant une diminution de 50%. En dehors de la période de reproduction, les comptages d’oiseaux d’eau dans l’estuaire de l’Escaut indiquent une baisse encore plus spectaculaire : on est passé de plus de 100 000 oiseaux comptés en 2000 à moins de 20 000 en 2010.
Statut en Wallonie : nicheur très rare, très localisé, en déclin. Environ 10 couples durant la période Atlas, essentiellement en Hainaut.
Avant la période Atlas 2001-2007, l’espèce nichait localement en Brabant wallon, dans la vallée de la Dyle, à Genappe et à Sart-Dames-Avelines. Durant cette même période, une seule nidification avérée a pu être recensée, à Pécrot en 2003. L’espèce est particulièrement difficile à déceler du fait de son extrême discrétion.
Après la période Atlas, l’espèce ne semble plus avoir niché avec certitude en Brabant wallon.
Malgré le statut de l’espèce « en danger critique », la Sarcelle d’hiver fait encore partie du gibier d’eau chassable en Wallonie de mi-octobre à fin janvier.