Fiche 49 : Le Canard pilet

Auteur : Philippe Selke 
Photo d'entête : Canard pilet mâle - Philippe Selke

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Canard pilet- Anas acuta

Longueur : 65 cm (dont 10 cm pour la queue)
Envergure : 80 à 95 cm
Poids : 600 à 1050 g
Longévité : jusqu’à 27 ans
Statut liste rouge de Wallonie 2010 : non repris

Description

L’étymologie nous donne la caractéristique marquante de cet élégant canard de surface : sa longue queue effilée. En latin, acutus signifie en effet « aiguisé, tranchant ». Le qualificatif « pilet », quant à lui, est un mot picard qu’il faut très probablement rattacher à l’ancien français pilet «javelot, trait d’arbalète» et au wallon pilet «flèche». Les noms néerlandais et allemand de l’espèce reprennent d’ailleurs cette étymologie : Spiessente et Pijlstaart. Outre sa queue pointue dont le dessus est noir, le Canard pilet possède un long cou brun chocolat avec une raie blanche remontant de la poitrine blanche sur le côté du cou.  Le bec gris-bleu est assez long et étroit, tandis que les pattes sont bleuâtres. Le dos est gris, l’extrémité des ailes est noire. Le miroir alaire est vert bronze. La femelle adopte la même tenue de camouflage que bien d’autres espèces : marron terne avec des stries grises, beiges et brunes.

Habitat

Le Canard pilet est caractéristique des zones humides d’eau douce peu profondes, avec une importante couverture végétale à proximité. On le classe parfois parmi les canards «prairiaux», tant il affectionne particulièrement les prairies en partie inondées au printemps, parsemées de fossés inondés, où le pâturage est extensif et la pression humaine très faible. Un type d’habitat que l’on ne retrouve quasi plus en Belgique.

Comportement

Le Canard pilet crie rarement.

Comme tous les canards de surface, le Canard pilet se nourrit en basculant le corps vers l’avant pour chercher sa nourriture au fond des eaux peu profondes mais aussi en broutant à terre. Son menu est essentiellement végétarien : graines de céréales, tubercules (pommes de terre), fragments de végétaux aquatiques et joncs, …Il broute fréquemment à terre et récolte par ce moyen de nombreuses herbes et graminées. Comme la plupart des canards, il complète son régime avec des invertébrés aquatiques (insectes, mollusques, crustacés).

La ponte de sept à neuf œufs est déposée à partir de mai et couvée par la seule femelle pendant 22 à 23 jours. Les oiseaux sont volants à 40-45 jours. Les envols les plus précoces interviennent à la fin juin, la majorité d’entre eux survenant en juillet ; on en note jusqu’en août.

L’espèce est très grégaire en période d’hivernage. Le maximum est généralement atteint en janvier. Le pic de migration prénuptiale se situe entre fin février et fin mars, l’espèce rejoignant alors son aire principale de nidification située entre le 60° et le 70° de latitude nord.

En Brabant wallon

En Belgique, Verheyen signale le pilet comme nicheur occasionnel, lors d’étés humides, en Campine (dans les années 50) et dans les polders inondés de Flandre occidentale en 1944. De la fin des années 60 à la fin des années 80, il est signalé dans ces mêmes régions comme nicheur rare et irrégulier : environ 20 cas sur une période de 20 ans. Plus récemment encore, on a noté 3 couples nicheurs dans le Uitkerkse polder en 2007.

En Brabant Wallon, il n’a sans doute jamais niché. Des individus isolés ou de très petits groupes sont notés toute l’année, mais c’est clairement la migration prénuptiale (mars) qui apporte le plus grand nombre d’observations. Les décanteurs de Genappe rassemblent le plus grand nombre d’observations de l’espèce dans notre province.