Auteur : Didier Samyn Photo d'entête : Jctramasure - Flickr
Qui connait le lérot (Eliomys quercinus), ce sympathique bandit au masque noir ? Le lérot, aussi appelé « sot dormant » (Jodoigne), ou « rat baîllard » (Entre Sambre et Meuse), est un rongeur de la famille des gliridés. Il a de grandes oreilles et une longue queue comme les muridés (rats, mulots, souris), mais à l’inverse de ces derniers, sa queue se termine par un joli pinceau bicolore de longs poils, son dos est brun marron tirant parfois sur le roux, ses joues, sa gorge et son ventre sont gris pâle. Son bout de nez est rose, mais ce que nous retiendrons surtout quand nous l’aurons vu, c’est son bandeau noir en travers des yeux, qui entoure quasiment ses oreilles bien développées. Ce qui fait aussi sa très grande différence, c’est son écologie typique de dormeur, comme ses cousins les loir et muscardin, qui dorment tout l’hiver (hibernation), ne se réveillant que rarement entre octobre et avril : rien que ça !
Un bon petit diable
Mais alors, à la belle saison : quel petit diable ! Il est crépusculaire et nocturne, quoi qu’on puisse parfois le rencontrer en plein jour en été. Discret ? Pas vraiment tant il crie et invective ses congénères au cours de folles sarabandes. Et puis, il vagabonde dans les vergers, haies, arbres têtards, lisières, bois et vieux bâtiments. C’est un petit chapardeur de fruits et grand amateur de noix, ne créant jamais de dégâts, car c’est surtout un parfait omnivore qui s’attaque aux chrysalides et chenilles de papillons, criquets et autres insectes, aux mollusques (escargots !) et aux petits rongeurs qu’il poursuit pour les dévorer. Il peut aussi dénicher les oisillons et s’approprier un nid, quoi qu’il puisse construire lui-même son gîte, souvent dans une anfractuosité, un trou d’arbre ou un nichoir. C’est là que la femelle mettra bas 4 à 6 petits, une seule fois par an sous nos contrées ; autant reconnaître qu’il n’est pas prolifique. En hiver, c’est dans un endroit bien protégé du gel qu’il s’endormira, soit dans un nichoir, un fenil, un faux-plafond, un grenier, une cabane de jardin, … Autre particularité : c’est un as de la varappe ! Le lérot est capable de grimper à la verticale sur un mur, et de faire des poursuites à travers les arbres avec une extrême agilité.

Wanted
WANTED ? Mais oui, nous le recherchons activement, et non, sa tête n’est sûrement pas mise à prix, bien au contraire ! Le lérot est un mammifère repris sur la liste rouge des espèces quasi-menacées, protégées en Flandre, et en voie de l’être également en Wallonie. Il est rare et très localisé en Brabant wallon, et nous n’avons que fort peu d’informations récentes de sa présence avérée.
Il est à rechercher dans les vieilles banlieues arborées, aux abords des villages, surtout là où subsistent d’anciennes fermes avec des arbres fruitiers haute tige, des vieux murs de pierres, des ruines, des arbres couverts de lierre, … Certes, il passe peut-être inaperçu, mais il doit aussi avoir disparu pour différentes raisons :
- arrachages des vergers, saules têtards, haies ;
- coupes à blanc trop sévères, notamment en lisières et manque de maintien d’une grande variété d’essences, notamment arbustives et d’arbres de différentes classes d’âges ;
- banalisation des plantations, souvent exotiques, manque d’essences fruitières dans les jardins et perte de biodiversité en général ;
- démolition ou restauration d’anciens bâtiments, et isolation tout à fait hermétique des moindres espaces ;
- fragmentation des paysages en général, et des habitats du lérot en particulier ;
- usage des pesticides, anti-limaces, rodenticides, et autres contaminants ;
- prolifération des chats domestiques en tant que prédateurs envahissants qui se rajoutent aux prédateurs naturels (rapaces, mustélidés) ;
- manque d’accessibilité de la nourriture, notamment par l’abandon du stockage des fruits en saison froide (le lérot se réveille parfois en période d’hibernation), …
De plus, comme le taux de reproduction des gliridés est généralement faible, les populations de lérots ne se renouvellent pas à suffisance dans un contexte trop défavorable, et cela d’autant plus que si le paysage est très fragmenté, l’isolement provoque la consanguinité dans les groupes.
Si donc vous l’avez déjà rencontré un jour ou l’autre, même par le passé, n’hésitez pas à contacter Natagora Brabant wallon pour un signalement (samyndidier@hotmail.com). Nous menons une enquête de détections par témoignages, par analyse de pelotes de réjection des rapaces nocturnes (NB : après la digestion de leurs proies constituées de rongeurs, les chouettes et hiboux rejettent des pelotes de poils et os amalgamés), par pose de nichoirs spéciaux.
A partir de témoignages de présences avérées, il est prévu de mener une campagne de sensibilisation du voisinage, d’actions de pose de nichoirs et si possible d’aménagements favorables à notre ami le lérot, en vue de consolider la population présente.
A plus long terme, il serait question de voir comment différentes populations de lérot en Brabant wallon peuvent être reliées par des couloirs écologiques. Natagora Brabant wallon mène déjà de telles campagnes, notamment avec la participation de la Commune de Genappe à propos de l’aide apportée aux chouettes et aux chauves-souris.
Zorro le lérot a aussi besoin de vous ; n’hésitez pas à nous contacter pour plus d’informations.
