Auteur : Thierry Maniquet Photo d'entête : Plongeon catmarin - Victor Claes - Lac de Genval 2020
Bon nombre d’entre vous s’en souviendront : en décembre 2016, les ornithologues se massaient autour du lac de Genval pour observer un Plongeon arctique, présent pour la première fois dans notre province.
Un article détaillé a été publié à ce sujet dans le Bruant wallon n°34.
On ignorait à cette époque qu’un peu plus de trois ans plus tard, ce même lac allait accueillir un de ses cousins, le Plongeon catmarin.
La première donnée enregistrée de cette observation date du 9 janvier. Depuis lors, cet oiseau fait le bonheur de nombreux observateurs et photographes, tant l’oiseau est peu farouche et peut se montrer régulièrement à bonne distance, permettant de réaliser des clichés intéressants.
Plongeons arctique et catmarin : comment les identifier ?
Observés à distance importante (comme par exemple au Brouwersdam en Zélande où les deux espèces sont fréquentes en hiver), l’identification n’est pas toujours aisée.
Dans le cas présent, les clichés de ces deux espèces réalisés au lac de Genval permettent de mettre l’accent sur les différents critères d’identification de ces deux oiseaux.
Rappelons à cet égard qu’en fonction de la position de l’oiseau, certains de ces critères peuvent ne pas apparaître nettement. C’est alors l’ensemble des éléments observés qui permettront d’éviter les confusions.
Plongeon arctique | Plongeon catmarin |
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Bec plus épais, en poignard, tenu horizontalement | Bec assez mince, souvent un peu relevé. Remarquer la mandibule inférieure visiblement incurvée vers le haut. |
Œil non détaché de la calotte | Œil détaché de la calotte [1] |
Front anguleux [1] | Front plus fuyant |
Poitrine bombée | Poitrine peu renflée |
Tache blanche à l’arrière de la ligne de flottaison | Le blanc le long des flancs varie selon la position de l’oiseau, mais il s’étire normalement tout le long des flancs |
Ne bondit pas pour plonger | Bondit parfois légèrement pour plonger |
[1] Ces critères apparaissent davantage chez des oiseaux adultes.
Quel âge a notre oiseau ?
En hiver, il est possible de déterminer s’il s’agit d’un adulte en plumage hivernal ou d’un oiseau de premier hiver.
Pour ce faire, il faut être attentif surtout aux côtés du cou : sont-ils striés de gris ou le blanc est-il étendu ? Dans le premier cas, il s’agit d’un oiseau de premier hiver. Puisqu’il est donc né l’année précédente, on peut dire également qu’il est dans sa deuxième année calendaire.
C’est bien le cas de notre oiseau.
Sur les photos où l’on voit l’oiseau de face, on peut également deviner l’apparition progressive de quelques plumes rousses qui marqueront d’ici quelques semaines le plumage nuptial de l’oiseau.

En savoir plus
Le Plongeon catmarin niche dans le nord de l’Eurasie (en Europe, d’où viennent nos hivernants, on le retrouve en Ecosse, en Islande, en Scandinavie), de l’Amérique (on l’appelle Huart à gorge rousse au Québec) et au Groenland.
Durant les vingt dernières années, l’espèce a subi un déclin important au sein de l’Union européenne, en raison essentiellement de la disparition ou de la modification de ses habitats (drainage des zones humides). A cela, il faut ajouter une diminution des ressources alimentaires (poissons), voire de la qualité de celles-ci (pollution contaminant les proies).
A l’échelle mondiale, son statut est cependant « préoccupation mineure ».
La présence de cet oiseau en Brabant wallon est exceptionnelle : comme pour le Plongeon arctique de 2016, il s’agit de la première donnée enregistrée dans notre province pour cette espèce dans observations.be et nous n’avons pas trouvé trace d’autre donnée dans les chroniques AVES.
Cette espèce peut toutefois être observée régulièrement en hiver en Wallonie, essentiellement sur des grands plans d’eau, comme les lacs de l’Eau d’Heure, l’étang de Virelles ou les marais d’Harchies.
Le lac de Genval étant situé sur la frontière linguistique, il est intéressant de constater qu’en Brabant flamand, l’espèce est rare également, même s’il ne s’agit pas d’une première donnée.
Des observations ont en effet déjà eu lieu à :
- Vilvoorde et Zemst en 1992 ;
- Hofstade et Rotselaer en 1993 ;
- Neerijse – Grote Bron, les 29 et 30 novembre 2013 ;
- Tirlemont (décanteurs), un oiseau en vol le 9 octobre 2014.
Dans cette province, l’espèce n’avait en tout cas pas encore été observée durant une si longue période.
A l’heure où nous publions cet article, l’oiseau est toujours présent sur le lac. C’est l’occasion d’observer une espèce exceptionnelle à quelques km de chez soi.
Ensuite, il ne nous restera plus qu’à attendre la visite du dernier larron de la famille, le Plongeon imbrin (je fais abstraction du Plongeon à bec blanc, espèce tout à fait exceptionnelle sous nos latitudes). D’ici trois ans peut-être ?
Sources
- SVENSSON, Le Guide ornitho, Delachaux et Niestlé, 2010
- HARRIS, L. TUCKER, K. VINICOMBE, Identifier les oiseaux, Comment éviter les confusions, Delachaux et Niestlé, 1992
- COUZENS, Identifier les oiseaux, Eviter les pièges d’identification les plus complexes, Delachaux et Niestlé, 2013
- https://www.oiseaux.net/oiseaux/plongeon.catmarin.html