Un Harle bièvre au Paradis

Auteur : Sacha d'Hoop
Photo d'entête : Sacha d'Hoop - Harle bièvre femelle aux étangs du Paradis à Braine-l'Alleud - janvier 2020

Il s’agit d’un visiteur d’hiver peu commun dans la province, et assez localisé. Contrairement au Harle huppé qui préfère rester plus proche de la mer, même en hiver, le Harle bièvre est plutôt inféodé aux grands plans d’eau douce.

L’année passée, un Harle huppé nous avait fait l’honneur de sa présence au lac de Louvain-la-Neuve pendant quelques jours, le fait étant tellement marquant (3e observation documentée en Brabant wallon) qu’il a eu droit à sa brève  : https://bruantwallon.be/2019/01/28/un-harle-en-visite-a-luniversite/#more-237 . 

Comment reconnaître le Harle bièvre ?

Comment reconnaît-on cet oiseau somptueux au dimorphisme sexuel marqué ?

Tout d’abord, comme ses lointains cousins plongeurs, les cormorans, les plongeons mais aussi les grèbes, la ligne de flottaison de l’oiseau est assez basse sur l’eau avec l’arrière du corps qui descend presque sous la surface de l’eau.

La tête paraît grosse par rapport au corps dont seulement la partie supérieure est visible hors de l’eau.

Le mâle a un bec rouge à base épaisse et à bout crochu. Sa tête semble trempée dans de la peinture noire verdâtre jusqu’au cou. Son manteau est gris clair, et ses ailes noires avec une grande tache alaire noire. Le reste de son corps est blanc avec, selon la lumière et l’individu, une teinte légèrement saumonée.

Harle bièvre mâle - Philippe Jacob - Genappe 2017
Harle bièvre mâle – Philippe Jacob – Genappe 2017

La femelle pourrait être considérée comme moins belle, comme c’est souvent le cas chez les canards. Pourtant elle arbore une gorge blanche contrastant avec la tête et le début du cou brun foncé. Son corps est gris homogène. L’aile est semblable à celle du mâle, à l’exception des couvertures, dont une partie est grise et non blanche et noire comme chez ce dernier.

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Harle bièvre femelle – Sacha d’Hoop – Braine-l’Alleud janvier 2020

La photo ci-dessous, du même oiseau, montre bien  la zone blanche dans l’aile ainsi que la zone grise composée d’une partie des couvertures.

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Harle bièvre femelle – Sacha d’Hoop – Braine-l’Alleud janvier 2020

Le Harle bièvre en Brabant wallon

Certaines années ont vu une recrudescence de ce bel oiseau en Brabant wallon, comme en 2011 où un nombre record de 19 individus ont été observés au Canal Bruxelles-Charleroi (tronçon de Oisquercq au plan incliné de Ronquières). Petit avis aux amateurs de nouvelles balades : les zones du canal de Bruxelles-Charleroi sont assez propices pour observer cet oiseau, et sans doute pas assez prospectées pendant la période hivernale.

Ce record est bien une anomalie, car durant les 10 derniers hivers, le nombre d’individus a souvent été bien plus faible (cf. graphique). Ainsi, lors de l’hiver 2012, aucun individu n’a été observé, et entre 2013 et 2018, entre 1 (1x) et 5 (1x) individus. Les sites concernés sont souvent les mêmes. Mis à part le Canal Bruxelles-Charleroi, les autres individus ont été observés aux décanteurs de Genappe ainsi que dans la vallée de la Dyle (Wavre et environs) et enfin une femelle plus atypique aux étangs de Zétrud à Zétrud-Lumay.

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Nombre d’individus différents recensés en Brabant wallon depuis l’hiver 2009. L’année correspond à chaque fois à l’année de début de l’hiver (2009 pour novembre, décembre 2009 + janvier et février 2010)

Concernant les observations récentes, notons que début décembre 2019, 1 femelle a séjourné 3 jours aux étangs de Bierges. Et en 2020, le 19/01, des femelles solitaires ont également été observées à l’étang Paradis de Gastuche, au Grand Étang de La Hulpe et au lac de Genval.

Le site du Paradis

2020 est donc déjà fructueuse avec une observation sur un nouveau site : les étangs du Paradis à Braine-l’Alleud (à ne pas confondre avec son homonyme à Gastuche). Il s’agit d’un bassin d’orage avec fonction récréative. Les travaux de création ont démarré en 2012 et depuis le site a été profondément transformé  et ressemble au lac de Louvain-la-Neuve. Malheureusement, le site du Paradis est fort fréquenté et il y a très peu de zones refuges pour les oiseaux d’eau. Le Harle bièvre observé sur le site s’envolait d’ailleurs souvent, dérangé par les promeneurs, et n’est pas resté plus de quelques jours.

Sources

  • SVENSSON, Le Guide ornitho, Delachaux et Niestlé
  • Rob Hume, Oiseaux de France et d’Europe, Ed. Larousse
  • site web observations.be