La Province du Brabant wallon l’espère !
Auteur : Emeline Proot, éco-conseillère à la Province du Brabant wallon
Photo d’entête : Site de Mellery après travaux – Julien Taymans
Fin 2020, le Brabant wallon était fier de voir le projet de restauration écologique en faveur des Hirondelles de rivage (Riparia riparia) se concrétiser sur le site de la lagune de Mellery, à Villers-la-Ville. Gageons que nous pourrons bientôt assister au retour de nombreux couples d’Hirondelles de rivage et à la redynamisation de la petite colonie qui y est présente (3 couples nicheurs observés en été 2020).
Cette année, les 3 premières hirondelles ont été notées sur le site le 24/04. (NDLR)

L’Hirondelle de rivage est une espèce indigène, migratrice sub-saharienne, protégée mais menacée par la destruction de son habitat. Elle s’installe surtout dans les berges des fleuves et rivières ainsi que dans des parois sablonneuses comme dans les sablières. L’espèce revient généralement nicher au même endroit d’année en année mais une fois que les colonies d’hirondelles désertent un site, il est très difficile qu’elles le recolonisent. A l’heure actuelle, seuls 3 sites abritent encore des colonies en Brabant wallon : la sablière de Mont-Saint-Guibert, celle de Chaumont-Gistoux (sablière Hoslet) et l’ancienne décharge de Mellery, elle-même également une ancienne sablière.

Des colonies d’Hirondelles de rivage étaient régulièrement observées dans la réserve naturelle de Gentissart, propriété du Brabant wallon depuis 1996. Depuis quelques années cependant, le site n’est plus fréquenté par l’espèce. A contrario, quelques Hirondelles de rivage ont continué à être répertoriées sur le site voisin de la réserve naturelle, l’ancienne décharge de Mellery, où elles nichent du côté de la lagune. Ses flancs sableux constituent un lieu idéal pour la nidification de ces oiseaux qui peuvent y creuser leurs galeries. Pour autant, leur recensement y était en constante diminution en raison de la prolifération de la végétation arbustive au pied des parois et sur les flancs de celles-ci.

Voilà pourquoi, depuis 2010, le Comité de gestion de la réserve naturelle de Gentissart souhaitait ardemment que des mesures soient prises en faveur des Hirondelles de rivage de Mellery, dans l’espoir que cela ait un impact positif à Gentissart également. L’objectif était de dénuder le flanc sableux de la lagune et ainsi créer un supra-stimulus qui attirerait un plus grand nombre d’Hirondelles de rivage pour coloniser ces lieux.

Cela faisait donc plus de 10 ans que le projet était dans les cartons de la Province. C’est dire si le projet date… Le délai s’explique par le nombre d’acteurs impliqués : la lagune de Mellery n’est pas la propriété du Brabant wallon et est gérée par la Spaque qui en assure la post-gestion.
En février 2010, le Comité de gestion décidait déjà de contacter la Spaque pour lui soumettre son projet de restauration. Plusieurs rencontres ont eu lieu mais le projet n’a pu voir le jour en raison de contretemps administratifs et budgétaires. Durant ce laps de temps, d’autres priorités sont apparues à Gentissart et le projet a été quelque peu laissé de côté.
En mai 2018, le Comité de gestion tirait néanmoins la sonnette d’alarme : il était plus que temps de restaurer la lagune de Mellery si on voulait sauver la petite colonie qui menaçait de disparaître… Toute la mécanique s’est donc remise en branle. Des contacts formels ont ainsi été repris pour assurer la réussite et l’implication de toutes les parties prenantes. Il a par ailleurs été décidé de faire appel à Natagriwal qui accompagne les demandeurs de subventions à la restauration écologique. Toutes les planètes étaient donc alignées pour assurer le succès à ce projet.
En septembre 2020, les travaux de déboisement (bouleaux et saules principalement) et de mise en lumière de la paroi ont débuté. Les ligneux ont été mis en tas sur la berge en contrebas. La zone déboisée couvrait une surface de 25 ares.

Le Brabant wallon a bénéficié d’une aide financière dans le cadre du Programme wallon de Développement Rural (PwDR), cofinancé par le FEADER (Fonds européen agricole pour le développement rural), pour mener des actions volontaires de restauration de la biodiversité dans les terrains situés en zone Natura 2000 ou dans les sites de grand intérêt biologique (SGIB) reconnus par la Région wallonne. La lagune de Mellery fait partie du SGIB 661 (la sablière de Gentissart). Elle était donc éligible pour la subvention.
Le principe est simple. Le demandeur introduit un dossier auprès de la Région wallonne. Les demandes de subventions sont introduites au travers d’une procédure d’appel à projets (4 périodes de sélection par an). Après analyse via une grille de critères de sélection (analyse du potentiel biologique et du rapport coûts financiers/bénéfices), la Région wallonne se prononce sur la recevabilité du projet. S’il est accepté, elle remboursera 100 % des frais mais le demandeur s’engage à avancer les fonds nécessaires pour financer les travaux de restauration écologique et à maintenir le site restauré en l’état pour 15 ans.
Les travaux ont démarré le 14 septembre et ont été terminés le 28 septembre 2020 : le projet est donc devenu finalement réalité ! Reste à voir si le projet portera déjà ses fruits ces prochains mois mais tous les espoirs sont permis.
