Auteur : Thierry Maniquet Photo d'entête : Cigogne noire - Françoise Lust - Villers-la-Ville le 18/05/2021
Après l’émotion suscitée la semaine dernière par les Vautours fauves, la vie ornithologique brabançonne a repris son rythme habituel, pourrait-on penser. Mais, en réalité, il y a toujours des surprises et aucune sortie ne ressemble à la précédente.
Et cette semaine encore n’a pas failli à la règle.
Ainsi, par exemple, il n’est pas banal qu’une Echasse blanche stationne plusieurs jours dans notre province. C’est pourtant le cas avec cette femelle, signalée la semaine dernière, qui est actuellement présente depuis 12 jours aux décanteurs de Genappe.
L’Aigrette garzette enregistre, quant à elle, sa deuxième donnée de l’année. Cette fois, un oiseau a été vu le 21 dans la réserve naturelle du Val de Coeurq à Tubize. Il s’agit de la deuxième donnée du mois de mai en Brabant, depuis le séjour d’un individu aux décanteurs de Genappe du 12 au 17 mai 2010. Le Héron pourpré a été observé, quant à lui, pour la quatrième fois cette année : un oiseau a été vu en vol dans la vallée de la Lasne à proximité de la réserve du Carpu. C’est la cinquième mention pour le mois de mai.
Les Cigognes se sont également manifestées chez nous cette semaine. Si l’observation d’une Cigogne blanche peut se faire en toute saison, les données à cette période de l’année sont néanmoins peu fréquentes (1 à 6 données par an en mai, selon les années). Nous en sommes actuellement à 5 : après une observation à Marbais le 2 et à Ramillies-Offus le 5, un oiseau a été vu le 17 à Court-Saint-Etienne et le 23 à Maransart et à Nodebais.
Plus excitante encore est l’observation d’une Cigogne noire. Un oiseau a été vu en stationnement le 18 à Villers-la-Ville. Au vu de la photo de Françoise Lust, on constate qu’il s’agit d’un immature de deuxième année : s’il a des caractéristiques de l’adulte (bec et pattes rouges), il n’en a pas les reflets métalliques ; on devine encore par ailleurs des mouchetures claires au niveau du cou. On peut voir aussi sur la photo que l’oiseau porte une bague au tarse droit. Impossible de la lire malheureusement.
Une autre observation a été réalisée dans la réserve naturelle de Gentissart. En l’absence d’informations complémentaires, il n’est pas possible de dire s’il s’agit du même oiseau. Vu la faible distance entre les deux lieux d’observation, ce pourrait cependant bien être le cas.
Si la semaine a été assez calme du côté des rapaces diurnes, on notera néanmoins la première observation de la saison pour le Busard cendré, le 17 à Gentinnes (+ 10 jours par rapport à 2020). On espère bien entendu un retour plus prononcé dès que les conditions météo s’amélioreront.
Pendant ce temps, du côté des rapaces nocturnes, les jeunes sont bien là. Témoin, cette jeune Chouette hulotte photographiée le 17 dans la zone naturelle éducative du Paradis à Orp-le-Grand.

C’est le moment aussi de tendre l’oreille dans les bois de résineux pour repérer les cris des jeunes Hiboux moyens-ducs. Un juvénile a ainsi été entendu le 20 à Corbais. Pour vous aider dans vos repérages, voici un exemple de cris : https://www.xeno-canto.org/species/Asio-otus?pg=3
Et si vous êtes à proximité de cultures, peut-être entendrez-vous le « paie tes dettes » de la Caille des blés, repérée cette semaine à Piétrebais (le 18), Jandrain-Jandrenouille (le 19) et Thorembais-les-Béguines (le 20).
Si le passage des limicoles s’estompe petit à petit, on notera malgré tout l’observation, rare à l’intérieur des terres, d’un Bécasseau sanderling les 19 et 20 à Nivelles. Il s’agit de la quatrième mention en Brabant sur observations.be ! Les autres données concernaient un individu présent aux décanteurs de Genappe du 15 au 17 mai 1996 et le 12 septembre 1999. La dernière observation datait du 26 mai 2005 à Waterloo.
A noter, toujours sur le même site de Nivelles, le cantonnement d’un couple de Pluvier petit-gravelot.
Même s’il s’agit d’espèces moins rares, on soulignera également une présence assez importante d’anatidés à Zétrud-Lumay. Pas moins de 11 Tadornes de Belon étaient présents le 18 dans un champ à proximité des étangs de Zétrud. Sur ces derniers, on notera une belle concentration de Fuligules morillons (22 oiseaux le 18). Il s’agit du groupe le plus important pour l’instant en Brabant (le même nombre était présent à l’étang du Gris Moulin à La Hulpe le 19). Quant à son cousin le Fuligule milouin, présent également aux étangs de Zétrud (1 couple), c’est à l’étang du Gris Moulin à La Hulpe (10 oiseaux le 19), à l’étang de Pécrot (6 oiseaux le 23) et aux décanteurs de Genappe qu’on pourra surtout l’observer.

Alors que la Tourterelle des bois continue à chanter à Bossut-Gottechain, je terminerai ce billet par quelques nouvelles des passereaux. Le Pouillot siffleur va-t-il nicher en Brabant cette année ? C’est encore trop tôt pour le dire mais un chanteur est présent dans le Bois du Sartage à Court-Saint-Etienne depuis le 19. A suivre évidemment.
Le Rougequeue à front blanc continue à susciter, lui aussi, des espoirs puisque cette semaine c’était à Tubize qu’un chanteur a été entendu (le 19), tandis qu’une femelle a été observée à Corbais (le 20). Trop tôt à nouveau pour en tirer des conclusions, car on peut supposer qu’il y a toujours du passage.
Et si vous n’avez pas d’espèce « rare » dans votre coin, vous pouvez certainement profiter de la période de nourrissage chez nos passereaux sédentaires comme chez les mésanges pour faire de belles observations.
