Auteur : Hervé Paques Photo d'entête : Bruant proyer - Opprebais - Hervé Paques Article original publié en septembre 2012 dans le Bruant Wallon n°16
Présentation du site
Ceinturée entre les villages de Sart-Risbart, Opprebais, Malèves-Sainte-Marie et Chaumont-Gistoux, la plaine dite ‘d’Opprebais’ fait partie du vaste ensemble hesbignon. Elle est l’une des plus riches en avifaune de la Hesbaye brabançonne. On y cultive maïs, colza, betterave, céréales, etc… Comme dans toute cette région, la terre y est d’une grande fertilité grâce à son épaisse couche de limon, jusque 20 mètres, de très grande qualité. Elle est l’une des meilleures terres d’Europe. Excusez du peu !
Reconnaissons que nos plaines agricoles ne sont pas vraiment des bijoux de biodiversité. La Nature y est plutôt malmenée. Appauvrissement du sol par l’agriculture intensive; contamination de l’air, du sol et des eaux par les produits chimiques; lâchers de ‘volailles’ pour la chasse, ainsi que la chasse en elle-même; renforcement du ruissellement des eaux de pluie, etc… En termes de dérangement, il y a les exercices aériens militaires, le radio-modélisme, les quads et motos … et nous.
Il faut cependant immédiatement souligner les efforts faits en faveur de la Nature par les propriétaires : les mesures MAE comme les bandes fleuries, une réelle diminution des quantités de produits déversés, la création de mares, et bien d’autres encore en cours ou à venir.
C’est sans doute parce que cette plaine a pu profiter de la bonne volonté de certains propriétaires qu’elle offre tant à voir et à entendre. L’attractivité des zones plus naturelles au sein de la plaine a été maintes fois constatée par la présence régulière de belles espèces en toute saison.

Parcours de 8,1 km
Pour découvrir cette plaine, je vous propose de démarrer du village de Sart-Risbart.
A partir du centre (croisement de la rue Alphonse Robert et de la rue Sainte-Wivine), sortez du village en prenant la direction de l’E411 (rue Sainte-Wivine) (1). Après 300 m, prenez à gauche (rue en pavés) (2).
Vous êtes entourés de prairies relativement rases qui sont visitées par les habitants de la grande ferme. Les Bergeronnettes grises, Faucons crécerelles s’y voient régulièrement. Ils sont côtoyés par la Buse variable, les Pigeons colombins ainsi que les habituels corvidés dont le Corbeau freux, tous nicheurs. Il se pourrait qu’une famille d’autours se reproduise dans le coin, quelques observations vont dans ce sens. Plus rarement, le Pipit spioncelle, la Bergeronnette des ruisseaux et le Chevalier guignette cherchent leur pitance au sol.
Dans les quelques premières haies, vous trouverez également tous les insectivores les plus communs en automne, dont le petit Pouillot véloce.
Prédateur de ces petits passereaux, l’épervier vient parfois sévir ici. Il se croise d’ailleurs très souvent aux limites entre les zones habitées et la plaine.
Le dernier habitant de lieu que vous aurez peut-être la chance d’entendre et pourquoi pas de voir, c’est la petite Chevêche d’Athéna. Elle niche dans un verger de Sart-Risbart. Vous longez l’un de ses terrains de chasse.
Vous prendrez ensuite le premier chemin à votre gauche qui mène vers les champs (3).
Vous passez sous une ligne de peupliers. Elle abrite les Grives litornes et quelques fringilles quand ils ne se nourrissent pas au sol. En sortant de cette grande haie, sur votre droite, se trouve une friche qui regorge de graines. On peut y rencontrer le joli chardonneret qui accompagne les nombreuses Linottes mélodieuses et Bruants jaunes. Les Perdrix grises s’y cachent également. Le couvert végétal leur permet de passer inaperçues.
Continuez à travers champs jusqu’au prochain ‘carrefour’ à cinq branches (4).
Vous vous situez sur le point culminant de la plaine. Un panneau vient d’ailleurs d’y être posé pour décrire le panorama exceptionnel qui s’ouvre à vous. Une partie du site est déclaré d’intérêt paysager au plan de secteur.
C’est l’un des points importants qui ont permis qu’un projet éolien n’y soit pas concrétisé. Mais d’autres arrivent, toujours plus nombreux et profitant du retard pris dans le nouveau CWATUP (Code Wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, du Patrimoine et de l’Energie). Mais ce n’est pas le sujet….
De par sa situation, cet emplacement constitue un formidable poste de suivi migratoire pour qui souhaiterait se lancer. Avis aux amateurs…
D’ici, vous pourrez repérer les grands rapaces qui chassent dans la plaine. Et ils peuvent être nombreux, très nombreux. L’automne apporte sur ce plan une énorme contribution au plaisir de faire de l’ornithologie dans ces lieux. Car en plus des résidents précités, l’élégante famille des busards nous rend visite. Les 3 espèces patrouillent régulièrement dans les cultures et par-dessus les bandes herbeuses. Le Busard cendré reste le plus rare des trois. Le Busard pâle n’y a jamais été observé. Cela ne saurait tarder. Septembre, octobre et novembre peuvent offrir l’occasion de le voir.

Pour redescendre dans le fond de la plaine, je vous invite à prendre à droite vers le point (5).
Toujours sympa de trouver perchés les Bruants jaunes, proyers, mais aussi le Bruant des roseaux qui hiverne volontiers dans la plaine avec ses cousins. La parcelle que vous avez sur votre gauche en descendant est celle qui a accueilli fin août 2012 un groupe de 10 Pluviers guignards ! Pas courants non plus, les Pluviers dorés et les Courlis cendrés s’y posent parfois avant de repartir.
Tout en bas, prenez à droite et restez sur ce chemin bétonné (6).
Regardez bien de part et d’autre de la route, dans les champs, car les Alouettes des champs et les Pipits farlouses, bien que proches de vous, ne sont pas toujours faciles à repérer. Ils savent qu’ils doivent bien se camoufler car des yeux perçants les épient : les 3 faucons de passage! Le hobereau, le pèlerin et l’émerillon, de quoi frémir… Les Vanneaux huppés et les laridés n’ont pas grand-chose à craindre d’eux. Ils se défendent très bien en groupe. Les étourneaux et les pigeons l’ont d’ailleurs bien compris puisqu’ils accompagnent souvent les turbulents vanneaux. J’ai compté jusqu’à 600 vanneaux ensemble en novembre !

Au deuxième carrefour, remontez vers la droite (7).
J’y ai déjà croisé une belette en septembre. Gardez l’oeil sur les bas-côtés.

Dans la montée (8), vous pourriez observer le Bruant proyer, la Bergeronnette printanière, ainsi que le Tarier des prés et le Traquet motteux en halte migratoire. En rejoignant la rue Sainte-Wivine, entendez-vous, dans les haies des maisons, un cri de moineau un peu différent? C’est une troupe de Moineaux friquets qui loge dans ce petit hameau.

Traversez la route et continuez le chemin, tout droit.
Plus loin, sur votre gauche, une dépression dans le sol. En cas de forte pluie, c’est une mare temporaire très riche. Nous y avons observé en passage des Bécassines des marais, des Chevaliers culblancs et des Petits Gravelots, notamment. Les motacillidés et les fringillidés aiment également particulièrement cette mare spontanée, peu profonde.
Vous continuez jusqu’au prochain petit carrefour. Prenez le chemin sur votre droite (9).
La haie, qui se trouve sur votre gauche, a déjà connu le chant tonitruant de l’Hypolaïs ictérine, pas si fréquente en Brabant wallon. A chercher bien entendu uniquement au printemps. Dans les champs que vous empruntez pour rejoindre la rue Alphonse Robert, il y a de temps en temps des Hérons cendrés qui viennent se repaître de micromammifères. Comme les batraciens se font plus rares, ils se rabattent plus volontiers vers les plaines agricoles quand le thermomètre chute.
Arrivés sur la rue, reprenez vers le centre de Sart-Risbart (10) et vous êtes de retour au point de départ après une belle balade qui vous en aura mis plein les yeux !